Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

escribir

Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 21 899
1 septembre 2011

Incendies (extraits)

INCENDIES (Wajdi Mouawad, Actes Sud-Papiers, 2003)

---

Aube. Forêt. Rocher. Arbres blancs. Nawal (14 ans). Wahab. 

NAWAL.

Wahab ! Ecoute moi. Ne dis rien. Non. Ne parle pas. Si tu me dis un mot, un seul, tu pourrais me tuer. Tu ne sais pas encore, tu ne sais pas le bonheur qui va être notre malheur. Wahab, j’ai l’impression qu’à partir du moment où je vais laisser échapper les mots qui vont sortir de ma bouche, tu vas mourir toi aussi. Je vais me taire, Wahab, promets-moi alors de ne rien dire, s’il te plaît, je suis fatiguée, s’il te plaît, laisse le silence. Je vais me taire. Ne dis rien.

Elle se tait.

Je t’ai appelé toute la nuit. J’ai couru toute la nuit. Je  savais que j’allais te trouver au rocher aux arbres blancs. Je voulais le hurler pour que tout le village l’entende, pour que les arbres l’entendent, que la nuit l’entende, pour que la lune et les étoiles l’entendent. Mais je ne pouvais pas. Je dois te le dire à l’oreille, Wahab, après, je ne pourrai plus te demander de rester dans mes bras même si c’est ce que je veux le plus au monde, même si j’ai la conviction que je serai à jamais incomplète si tu demeures à l’extérieur de moi, même si, à peine sortie de l’enfance, je t’avais trouvé, toi, et qu’avec toi je tombais enfin dans les bras de ma vraie vie, je ne pourrai plus rien te demander.

Il l’embrasse.

J’ai un enfant dans mon ventre, Wahab ! Mon ventre est plein de toi. C’est un vertige, n’est ce pas ? C’est magnifique et horrible, n’est ce pas ? C’est un gouffre et c’est comme la liberté aux oiseaux sauvages, n’est ce pas ? Et il n’y a plus de mots ! Que le vent ! Quand j’ai entendu la vieille Elhame me le dire, un océan a éclaté dans ma tête. Une brûlure.

---

Nawal (19 ans) et Sawda dans l’orphelinat de Kfar Rayat.

NAWAL. Pourquoi ?

LE MEDECIN. C’est la guerre.

SAWDA. Qu’elle guerre ?

LE MEDECIN. Qui sait ? Personne ne comprend. Les frères tirent sur leurs frères et les pères sur leurs pères. Une guerre. Mais qu’elle guerre ? Un jour 500 000 réfugiés sont arrivés de l’autre côté de la frontière. Ils ont dit : « On nous a chassés de nos terres, laissez nous vivre à vos côtés. » Des gens ici ont dit oui, des gens ici ont dit non, des gens ici ont fui. Des millions de destins. Et on ne sait plus qui tire sur qui ni pourquoi. C’est la guerre.

---

Hermile Lebel ouvre la troisième enveloppe destinée aux jumeaux.

Simon ouvre l’enveloppe.

 

NAWAL.

Simon,

Est ce que tu pleures ?

Si tu pleures ne sèche pas tes larmes.

Car je ne sèche pas les miennes.

L’enfance est un couteau planté dans la gorge

Et tu as su le retirer.

A présent, il faut réapprendre à avaler sa salive.

C’est un geste parfois très courageux.

Avaler sa salive.

A présent, il faut reconstruire l’histoire.

L’histoire est en miettes.

Doucement

Consoler chaque morceau.

Doucement

Guérir chaque souvenir.

Doucement

Bercer chaque image.

 

Jeanne,

Est ce que tu souris ?

Si tu souris ne retiens pas ton rire

Car je ne retiens pas le mien.

C’est le rire de la colère

Celui des femmes marchant côte à côte.

Je t’aurais appelée Sawda

Mais ce prénom encore dans son épellation

Dans chacune de ses lettres

Est une blessure béante au fond de mon cœur.

Souris, Jeanne, souris.

Notre famille,

Les femmes de notre famille, nous sommes engluées dans la colère.

J’ai été en colère contre ma mère

Tout comme tu es en colère contre moi

Et tout comme ma mère fut en colère contre sa mère.

Il faut casser le fil,

Jeanne, Simon,

Où commence votre histoire ?

A votre naissance ?

Alors elle commence dans l’horreur.

A la naissance de votre père ?

Alors c’est une grande histoire d’amour.

Mais en remontant plus loin

Peut être que l’on découvrira que cette histoire d’amour prend sa source dans le sang, le viol,

Et qu’à son tour,

Le sanguinaire et le violeur

Tient son origine dans l’amour.

Alors,

Lorsque l’on vous demandera votre histoire,

Dites que votre histoire, son origine,

Remonte au jour où une jeune fille

Revint à son village natal pour y graver le nom de sa grand mère Nazira sur sa tombe.

Là commence l’histoire.

Jeanne, Simon,

Pourquoi ne pas vous avoir parlé ?

Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être découvertes.

Vous avez ouvert l’enveloppe, vous avez brisé le silence

Gravez mon nom sur la pierre

Et posez la pierre sur ma tombe.

Votre mère.

 

Publicité
Publicité
29 août 2011

mon âge

un âge

pour le mariage

un âge

pour les coeurs battants

oh oui

un âge

pour la boule au ventre

aussi

un âge

pour faire s'envoler des lanternes

pour compter des étoiles filantes

pour scruter la voie lactée

pour chercher des lucioles

un âge

pour des chemins nombreux

à emprunter

pour des chemins sinueux

à faire dévier

un âge

pour voir naître

pour voir vieillir

pour ne pas dire mourir

un âge

pour aimer

pour enfanter

un âge

pour s'épauler

pour s'accompagner

un âge

pour observer

encore

un âge

pour voyager

toujours

un âge

pour étudier

ou pas

pour travailler

ou pas

un âge

pour lister des souvenirs

déjà

un âge

pour parier sur l'avenir

bien sûr

un âge

pour relancer les dés

peut être.

(EG)

 

12 août 2011

You better help the voice of youth find "What is truth?"

The old man turned off the radio
Said, "Where did all of the old songs go
Kids sure play funny music these days
They play it in the strangest ways"
Said, "it looks to me like they've all gone wild
It was peaceful back when I was a child"
Well, man, could it be that the girls and boys
Are trying to be heard above your noise?
And the lonely voice of youth cries "What is truth?"

A little boy of three sittin' on the floor
Looks up and says, "Daddy, what is war?"
"son, that's when people fight and die"
The little boy of three says "Daddy, why?"
A young man of seventeen in Sunday school
Being taught the golden rule
And by the time another year has gone around
It may be his turn to lay his life down
Can you blame the voice of youth for asking
"What is truth?"

A young man sittin' on the witness stand
The man with the book says "Raise your hand"
"Repeat after me, I solemnly swear"
The man looked down at his long hair
And although the young man solemnly swore
Nobody seems to hear anymore
And it didn't really matter if the truth was there
It was the cut of his clothes and the length of his hair
And the lonely voice of youth cries
"What is truth?"

The young girl dancing to the latest beat
Has found new ways to move her feet
The young man speaking in the city square
Is trying to tell somebody that he cares
Yeah, the ones that you're calling wild
Are going to be the leaders in a little while
This old world's wakin' to a new born day
And I solemnly swear that it'll be their way
You better help the voice of youth find
"What is truth?" 

(Johnny Cash, What is Truth?)

1 août 2011

Als das Kind Kind war

Song of Childhood
By Peter Handke

When the child was a child
It walked with its arms swinging,
wanted the brook to be a river,
the river to be a torrent,
and this puddle to be the sea.

When the child was a child,
it didn’t know that it was a child,
everything was soulful,
and all souls were one.

When the child was a child,
it had no opinion about anything,
had no habits,
it often sat cross-legged,
took off running,
had a cowlick in its hair,
and made no faces when photographed.

When the child was a child,
It was the time for these questions:
Why am I me, and why not you?
Why am I here, and why not there?
When did time begin, and where does space end?
Is life under the sun not just a dream?
Is what I see and hear and smell
not just an illusion of a world before the world?
Given the facts of evil and people.
does evil really exist?
How can it be that I, who I am,
didn’t exist before I came to be,
and that, someday, I, who I am,
will no longer be who I am?

When the child was a child,
It choked on spinach, on peas, on rice pudding,
and on steamed cauliflower,
and eats all of those now, and not just because it has to.

When the child was a child,
it awoke once in a strange bed,
and now does so again and again.
Many people, then, seemed beautiful,
and now only a few do, by sheer luck.

It had visualized a clear image of Paradise,
and now can at most guess,
could not conceive of nothingness,
and shudders today at the thought.

When the child was a child,
It played with enthusiasm,
and, now, has just as much excitement as then,
but only when it concerns its work.

When the child was a child,
It was enough for it to eat an apple, … bread,
And so it is even now.

When the child was a child,
Berries filled its hand as only berries do,
and do even now,
Fresh walnuts made its tongue raw,
and do even now,
it had, on every mountaintop,
the longing for a higher mountain yet,
and in every city,
the longing for an even greater city,
and that is still so,
It reached for cherries in topmost branches of trees
with an elation it still has today,
has a shyness in front of strangers,
and has that even now.
It awaited the first snow,
And waits that way even now.

When the child was a child,
It threw a stick like a lance against a tree,
And it quivers there still today.

//

Lied Vom Kindsein
– Peter Handke


Als das Kind Kind war,
ging es mit hängenden Armen,
wollte der Bach sei ein Fluß,
der Fluß sei ein Strom,
und diese Pfütze das Meer.

Als das Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins.

Als das Kind Kind war,
hatte es von nichts eine Meinung,
hatte keine Gewohnheit,
saß oft im Schneidersitz,
lief aus dem Stand,
hatte einen Wirbel im Haar
und machte kein Gesicht beim fotografieren.

Als das Kind Kind war,
war es die Zeit der folgenden Fragen:
Warum bin ich ich und warum nicht du?
Warum bin ich hier und warum nicht dort?
Wann begann die Zeit und wo endet der Raum?
Ist das Leben unter der Sonne nicht bloß ein Traum?
Ist was ich sehe und höre und rieche
nicht bloß der Schein einer Welt vor der Welt?
Gibt es tatsächlich das Böse und Leute,
die wirklich die Bösen sind?
Wie kann es sein, daß ich, der ich bin,
bevor ich wurde, nicht war,
und daß einmal ich, der ich bin,
nicht mehr der ich bin, sein werde?

Als das Kind Kind war,
würgte es am Spinat, an den Erbsen, am Milchreis,
und am gedünsteten Blumenkohl.
und ißt jetzt das alles und nicht nur zur Not.

Als das Kind Kind war,
erwachte es einmal in einem fremden Bett
und jetzt immer wieder,
erschienen ihm viele Menschen schön
und jetzt nur noch im Glücksfall,
stellte es sich klar ein Paradies vor
und kann es jetzt höchstens ahnen,
konnte es sich Nichts nicht denken
und schaudert heute davor.

Als das Kind Kind war,
spielte es mit Begeisterung
und jetzt, so ganz bei der Sache wie damals, nur noch,
wenn diese Sache seine Arbeit ist.

Als das Kind Kind war,
genügten ihm als Nahrung Apfel, Brot,
und so ist es immer noch.

Als das Kind Kind war,
fielen ihm die Beeren wie nur Beeren in die Hand
und jetzt immer noch,
machten ihm die frischen Walnüsse eine rauhe Zunge
und jetzt immer noch,
hatte es auf jedem Berg
die Sehnsucht nach dem immer höheren Berg,
und in jeder Stadt
die Sehnsucht nach der noch größeren Stadt,
und das ist immer noch so,
griff im Wipfel eines Baums nach dem Kirschen in einemHochgefühl
wie auch heute noch,
eine Scheu vor jedem Fremden
und hat sie immer noch,
wartete es auf den ersten Schnee,
und wartet so immer noch.

Als das Kind Kind war,
warf es einen Stock als Lanze gegen den Baum,
und sie zittert da heute noch.

(www.wim-wenders.com)

24 juillet 2011

July

(...)

Et le mieux dans tout ça, c'est que toutes les personnes que cette personne a aimées tout au long de sa vie sont là. Même celles qui l'ont quittée. Elles prennent cette personne par la main et disent à cette personne qu'il leur a été difficile de faire semblant de se mettre en colère pour prendre la voiture et ne jamais revenir. Cette personne n'arrive presque pas à y croire, ça paraissait tellement réel, cette personne en avait eu le coeur brisé, elle s'en était remise, et maintenant cette personne ne sait plus quoi en penser. Cette personne est presque en colère. Mais tout le monde calme cette personne. Tout le monde explique que c'était absolument nécessaire de savoir si cette personne était vraiment forte.

(...)

("Cette personne" dans "Un bref instant de romantisme" de Miranda July)

Publicité
Publicité
18 juillet 2011

Postcards From Italy

The times we had
Oh, when the wind would blow with rain and snow
Were not all bad
We put our feet just where they had, had to go
Never to go

The shattered soul
Following close but nearly twice as slow
In my good times
There were always golden rocks to throw
at those who admit defeat too late
Those were our times, those were our times

And I will love to see that day
That day is mine
When she will marry me outside with the willow trees
And play the songs we made
They made me so
And I would love to see that day
Her day was mine

("Postcards From Italy", Beirut)

13 juillet 2011

Let the seasons begin

If I was young, I'd flee this town
I'd bury my dreams underground
As did I, we drink to die, we drink tonight

Far from home, elephant gun
Let's take them down one by one
We'll lay it down, it's not been found, it's not around

Let the seasons begin
Let the seasons begin, take the big king down

Let the seasons begin
Let the seasons begin, take the big king down

And it rips through the silence of our camp at night
And it rips through the night

And it rips through the silence of our camp at night
And it rips through the silence, all that is left is

("Elephant Gun", Beirut)

11 juillet 2011

Pure Hearts

Well I got pure hearts to get to you
all they shine brighter than the stars above
I hope you know what you do
when you're turning your back on my love
and in the garden down by the pond
when the sun comes to an eclipse
well I hope you'll respond
to the kisses that I lay on your lips
and your sister says: "do it thunder when you were born
some time around the fall of 1979?"
and now there's a magnetic storm
when you rest your sweet body on mine
and in a garbage can under trash and paper
there is a wanted man with his face on fire
and he looks down on me and he says
that he is better off the way he is
than me with a love like yours if you go
[André]
and my enemies they want me blind
they want to slowly see me die of thirst
well they should know that I don't mind
if you're holding my arm when it hurts
and I need you here to relieve me
when there's a demon to fight
and I'm helpless if you leave me
like a werewolf in a full monnlight
like a werewolf in a full monnlight 

("Pure Hearts", Herman Dune)

25 juin 2011

Des méandres au creux des reins

Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien

Le vent l'emportera

Ton message à la grande ourse
Et la trajectoire de la course
A l'instantané de velours
Même s'il ne sert à rien

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

La caresse et la mitraille
Cette plaie qui nous tiraille
Le palais des autres jours
D'hier et demain

Le vent les portera

Génétique en bandoulière
Des chromosomes dans l'atmosphère
Des taxis pour les galaxies
Et mon tapis volant lui

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

Ce parfum de nos années mortes
Ceux qui peuvent frapper à ta porte
Infinité de destin
On en pose un, qu'est-ce qu'on en retient ?

Le vent l'emportera

Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi

Le vent les portera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

(Noir Désir, "Le Vent Nous Portera")

18 juin 2011

Owls At Noon

OWLS AT NOON

Remember “The Hollow Men” ?

T.S Eliot wrote it in 1925

The ashes of world war I were barely cold

And we 4-years old toddlers barely made out

A world of strange forms

Shaped by that war the war

To end all wars they said

Which we could discover quite untrue

Less than 80 seasons later


“Headpieces filled with straw”

or “dried voices” or “quiet and meaningless”

How often would these words apply

To my fellow passengers

Aboard the erratic liner

Of century XXth?


“The Hollow men”

“The Stuffed men”


2

How often did we meet in dreams

Those eyes Eliot didn’t dare to meet?


Swinging trees and fading stars

Were our usual visions

The wind sang for us

As it did for him


Just as distant just as solemn

And we too tried to be no nearer

in “death’s dream kingdom”

Under our disguises

Cat’s coat, owlskin, and the rest

Behaving as cats behave

No nearer


But we would never meet again

In the dawn kingdom


3

“This is the death land” he wrote, and

Images of trenches oozed from our childhood

For there our fathers had met for the first time

The unbearable task of being men


What is “cactus land” if not barbed wire?

And what would those fading stars be

If not the blazing trails

Of battlestruck airplanes?


How often would we wake alone

“Trembling with tenderness”

And pray to broken stone?


4

The eyes we would never

Truly recognize them

“What is it

That a blind man may choose?”


Said Siegfried

“Sightless” is a better word


Sightless unless new eyes open

And leave us with that cryptic epithet

“Multifoliate rose”


5

“I’ll be seeing you”

Was our song

Less than 80 seasons later

For every war has a song


Between every song

And every silence

Between every word

And every promise of a word

Falls a shadow


For thine is the kingdom


Life is very long


Between the bare plains of the Somme

And the sands of Iwo Jima

Between the dogfights over dunkirk

And the finger that triggered the bomb

Falls a shadow

For thine is the kingdom


For thine is

Life is


For thine is the

 

“This is the way the world ends

This is the way the world ends

This is the way the world ends

Not with a bang but a whimper”


2004

 

(CM)

 

18 juin 2011

Les Hommes Creux

LES HOMMES CREUX


I

Nous sommes les hommes creux
Les hommes empaillés
Cherchant appui ensemble
La caboche pleine de bourre. Hélas !
Nos voix desséchées, quand
Nous chuchotons ensemble
Sont sourdes, sont inanes
Comme le souffle du vent parmi le chaume sec
Comme le trottis des rats sur les tessons brisés
Dans notre cave sèche.

Silhouette sans forme, ombre décolorée,
Geste sans mouvement, force paralysée ;

Ceux qui s’en furent
Le regard droit, vers l’autre royaume de la mort
Gardent mémoire de nous – s’ils en gardent – non pas
Comme de violentes âmes perdues, mais seulement
Comme d’hommes creux
D’hommes empaillés.

II

Les yeux que je n’ose pas rencontrer dans les rêves
Au royaume de rêve de la mort
Eux, n’apparaissent pas:
Là, les yeux sont
Du soleil sur un fût de colonne brisé
Là, un arbre se balance
Et les voix sont
Dans le vent qui chante
Plus lointaines, plus solennelles
Qu’une étoile pâlissante.

Que je ne sois pas plus proche
Au royaume de rêve de la mort
Qu’encore je porte
Pareils francs déguisements: robe de rat,
Peau de corbeau, bâtons en croix
Dans un champ
Me comportant selon le vent
Pas plus proche -

Pas cette rencontre finale
Au royaume crépusculaire.

III

C’est ici la terre morte
Une terre à cactus
Ici les images de pierre
Sont dressées, ici elles reçoivent
La supplication d’une main de mort
Sous le clignotement d’une étoile pâlissante.

Est-ce ainsi
Dans l’autre royaume de la mort:
Veillant seuls
A l’heure où nous sommes
Tremblants de tendresse
Les lèvres qui voudraient baiser
Esquissent des prières à la pierre brisée.

IV

Les yeux ne sont pas ici
Il n’y a pas d’yeux ici
Dans cette vallée d’étoiles mourantes
Dans cette vallée creuse
Cette mâchoire brisée de nos royaumes perdus

En cet ultime lieu de rencontre
Nous tâtonnons ensemble
Evitant de parler
Rassemblés là sur cette plage du fleuve enflé

Sans regard, à moins que
Les yeux ne reparaissent
Telle l’étoile perpétuelle
La rose aux maints pétales
Du royaume crépusculaire de la mort
Le seul espoir
D’hommes vides.

V

Tournons autour du fi-guier
De Barbarie, de Barbarie
Tournons autour du fi-guier
Avant qu’le jour se soit levé.

Entre l’idée
Et la réalité
Entre le mouvement
Et l’acte
Tombe l’Ombre

Car Tien est le Royaume

Entre la conception
Et la création
Entre l’émotion
Et la réponse
Tombe l’Ombre

La vie est très longue

Entre le désir
Et le spasme
Entre la puissance
Et l’existence
Entre l’essence
Et la descente
Tombe l’Ombre

Car Tien est le Royaume

Car Tien est
La vie est
Car Tien est

C’est ainsi que finit le monde
C’est ainsi que finit le monde
C’est ainsi que finit le monde
Pas sur un Boum, sur un murmure.

 

(Thomas Stearns Eliot, "The Hollow Men", 1925)

12 juin 2011

joli ennui

"ils iront, tout a l'heure, dejeuner a honfleur, reprendre la rover, et s'ennuyer ailleurs..."

(vincent delerm, "deauville sans trintignant")

7 juin 2011

TAKE ME OUT

So if you're lonely
You know I'm here waiting for you
I'm just a cross-hair
I'm just a shot away from you
And if you leave here
You leave me broken, shattered, I lie
I'm just a cross-hair
I'm just a shot, then we can die

I know I won't be leaving here with you

I say "don't you know?"
You say you don't know
I say... take me out!

I say "you don't show"
Don't move, time is slow
I say... take me out!

I say "you don't know"
You say you don't go
I say... take me out!

If I move, this could die
Eyes move, this could die
I want you… to take me out

I know I won't be leaving here
I know I won't be leaving here
I know I want be sleeping here
I know I won't be leaving here with you

I say "don't you know?"
You say you don't know
I say... take me out!

If I wait, this can die
If I wane, this can die
I want you… to take me out

If I move, this could die
If eyes move, this could die
Come on… take me out

I know I won't be leaving here
I know I won't be leaving here
I know I want be sleeping here
I know I won't be leaving here with you

(Franz Ferdinand, "Take Me Out")

5 juin 2011

... avant tout

avec distance

je crois

-

en silence

peut être

-

avec romance

pourquoi pas

-

en transparence

s'il vous plaît

-

et puis du temps

aussi

-

et de l'espace

avant

tout

 

(EG)

4 juin 2011

la grande jetée

"Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance".

"Le trentième jour, la rencontre a lieu. Cette fois il est sûr de la reconnaître. C'est d'ailleurs la seule chose dont il soit sûr".

"Ils sont sans souvenirs, sans projets. Leur temps se construit simplement autour d'eux, avec pour seul repère le goût du moment qu'ils vivent".

"Une fois sur la grande jetée d'Orly, dans ce chaud dimanche d'avant-guerre où il allait pouvoir demeurer, il pensa avec un peu de vertige que l'enfant qu'il avait été devait se trouver là aussi, à regarder les avions. Mais il chercha d'abord le visage d'une femme, au bout de la jetée. Il courut vers elle. Et lorsqu'il reconnut l'homme qui l'avait suivi depuis le camp souterrain, il comprit qu'on ne s'évadait pas du Temps, et que cet instant qu'il lui avait été donné de voir enfant, et qui n'avait pas cessé de l'obséder, c'était celui de sa propre mort".

(voix off dans "La Jetée", un film de Chris Marker)

31 mai 2011

Des lendemains

Des lendemains qui chantent
Malgré la pluie battante
Sans procès d'intention
Être heureux pour de bon
En exauçant nos rêves
De baisers sur les lèvres
De retour à la norme
Dans le fond et la forme
Des lendemains qui dansent
Sans accrocs ni offenses

Des lendemains qui chantent
Sans heures de file d'attente
Le long des golfes longs
Ne plus toucher le fond
Puis faire la paix des braves
Jurer que c'est pas grave
En ignorant le pire
En osant même un sourire
Des lendemains qui dansent
Sans pitié ni clémence

Des lendemains qui chantent
Une cheminée crépitante

Même si la vie ne vaut le coup
Lorsqu'on y pense
Qu'après coup
Même si la vie ne vaut la peine
Que lorsqu'on roule
À perdre haleine

Des lendemains qui chantent
Malgré la pluie battante
Sans un accordéon
Sans spécialités maison
En marchant sur la grève
On observe une trêve
À la tombée du jour
Sans couvre feu ni tambours
Des lendemains qui dansent
Sans accrocs ni offenses

Des lendemains qui chantent
Des histoires palpitantes
Un unique horizon
Et des fruits de saison
Sans céder le passage
Et sans accès de rage
Ni repères, ni remords
Assis à la place du mort
Des lendemains qui dansent
Et qui souffrent en silence

Des lendemains qui chantent
Une cheminée crépitante

(Benjamin Biolay, "Des lendemains qui chantent")

31 mai 2011

Pré-vert

Quand la vie est un collier

chaque jour est une perle

(Jacques Prévert)

25 mai 2011

Forget your head and you will be free

Fill your heart with love today
Don't play the game of time
Things that happened in the past
Only happened in your Mind
Only in your Mind-Forget your Mind
And you'll be free-yeah
The writing's on the wall
Free-yeah. And you can know it all
If you choose. Just remember
Lovers never lose
'Cause they are Free of thoughts unpure 
And of thoughts unkind
Gentleness clears the soul
Love cleans the mind
And makes it Free.

Happiness is happening
The dragons have been bled
Gentleness is everywhere
Fear's just in your Head
Only in your Head
Fear is in your Head
Only in your Head
So Forget your Head
And you'll be free
The writing's on the wall
Free-yeah. And you can know it all
If you choose. Just remember
Lovers never lose
'Cause they are free of thoughts unpure
And of thoughts unkind
Gentleness clears the soul
Love cleans the mind
And makes it Free

(David Bowie, "Fill your Heart")

22 mai 2011

and there's no map

if you ever get close to a human
and human behaviour
be ready be ready to get confused

there's definitely definitely definitely no logic
to human behaviour
but yet so yet so irresistible

and there's no map

they're terribly terribly terribly moody
a human behaviour
then all of a sudden turn happy
but, oh, to get involved in the exchange
of human emotions
is ever so ever so satisfying

there's no map
and a compass
wouldn't help at all

human behaviour

(Björk, "Human Behaviour")

19 mai 2011

... wasted hours

All those wasted hours we used to know
Spent the summer staring out the window
The wind it takes you where it wants to go

First they built the road, then they built the town
That's why we're still driving round and round
And all we see
Are kids in buses longing to be free

Wasted hours, before we knew
Where to go, and what to do
Wasted hours, that you made new
And turned into
A life that we can live

Some cities make you lose your head
Endless suburbs stretched out thin and dead
And what was that line you said
Wishing you were anywhere but here
You watch the life you're living disappear
And now I see
We're still kids in buses longing to be free

Wasted hours, before we knew
Where to go, and what to do
Wasted hours, that you made new
And turned into
A life that we can live

(The Arcade Fire, "Wasted Hours")

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité