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21 février 2011

Poupounus

Un beau prénom
de ceux dont on pourrait aujourd'hui tomber amoureuse
Julien

Au bout de la grande table
ton trône de bois était là
pour raconter des histoires
un regard pour chacun
un sourire pour tous
ton verre levé
nos verres levés

Aller à la cave
la cave à vin
attirante
effrayante

Effleurer la chaufferie
porte toujours fermée
et cette peur de la voir ouverte
pour nous qui n'avions pas 10 ans

Se préparer pour le jardin
chaussettes de laines
bottes en caoutchouc l'hiver
sabots en cuir l'été
enfiler ces petits gants que vous aviez du acheter
chez Truffaut ?
ils avaient de petites pustules vertes
antidérapantes
pour agripper le sécateur
des gants comme ceux des grands

Nous ne faisions que couper des branchettes
du noisetier
pour des arcs
pour des fléchettes

Rapidement nous venions te rejoindre
au feu de bois du dimanche soir
fumée noire dans l'humidité de l'orée des bois
flammes grandissantes dont nous aimions nous approcher
pour mieux nous en éloigner

Et venait l'heure du goûter
pain de seigle et beurre salé
obligé
café moulu
que nous aimions moudre
café noir
que nous n'aimions pas boire

Et puis il fallait rentrer
Et puis il fallait vous quitter
Retrouver le bitume
les feux rouges
les feux verts
et tes histoires de Monsieur l'Agent
inclassables, inaliénables

Monsieur l'Agent
ton ennemi juré
on se croyait dans une BD
Mais c'était bien la vie
Celle là que tu nous faisais vivre

Routes nationales
Retour Chaville
ou Paris 14ème

Et si parfois nous restions
un lit pour une nuit
c'était après une soupe à la tomate
une omelette aux pommes de terre (bien baveuse)
un thé devant le JT

Alors venaient d'autres histoires
Des histoires de la campagne
des histoires pour nous les enfants de la ville
des promesses de compagnie
d'un âne par ci, d'un cheval par là, d'un chevreau encore
compagnons de routes et de jeux pour enfants sages

La bouillotte donnait chaud aux pieds

La luciole était branchée
veilleuse vert d'eau

Nous pouvions nous laisser aller
à rêver

A : Poupounus le Grand

(EG)

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