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17 novembre 2012

Die Weisse Tage

Page blanche

ou ciel bouché

un peu des deux

trop ou pas assez de champs libéré(s)

reste à acquérir ce qui n'est pas acquis

accueillir le silence

quelques instants de pause

encore ouvrir les petites boîtes

de souvenirs anciens

de sensations nouvelles

et remboiter le pas

auprès de

à mes côtés

ni trop ni pas assez

près.

Prêts ?

 

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26 novembre 2012

Le Premier Arbre

C'était lors de mon premier arbre,
J'avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois.
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l'ombre
Et j'avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montant au ciel
Mais j'étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C'était lors de mon premier arbre,
L'homme s'assit sous le feuillage
Si tendre d'être si nouveau.
Etait-ce un chêne ou bien un orme
C'est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu'il plut à l'homme
Qui s'endormit les yeux en joie
Pour y rêver d'un petit bois.
Alors au sortir de son somme
D'un coup je fis une forêt
De grands arbres nés centenaires
Et trois cents cerfs la parcouraient
Avec leurs biches déjà mères.
Ils croyaient depuis très longtemps
L'habiter et la reconnaître
Les six-cors et leurs bramements
Non loin de faons encore à naître.
Ils avaient, à peine jaillis,
Plus qu'il ne fallait d'espérance
Ils étaient lourds de souvenirs
Qui dans les miens prenaient naissance.
D'un coup je fis chênes, sapins,
Beaucoup d'écureuils pour les cimes,
L'enfant qui cherche son chemin
Et le bûcheron qui l'indique,
Je cachai de mon mieux le ciel
Pour ses distances malaisées
Mais je le redonnai pour tel
Dans les oiseaux et la rosée.

Le Premier Arbre, JULES SUPERVIELLE
(Merci Marie)
4 septembre 2013

why I then want to remain here

"Recently I have caught myself continually developing the same narrative loop when dealing with the question of why there are so few public institutions for contemporary art in Berlin. Most of the time, I begin a bit awkwardly by trying to make my international colleagues understand that Berlin has actually up to now been not a city of visual art but rather of theater and of film, and that is why there are so many city and state theaters … and the Berlinale. But since this explanation remains unsatisfactory, because Berlin now indeed claims to be an international art city, I try again with a different approach, with the former status of Berlin as an island, which conveyed a certain provinciality for visual art and specific coteries … and stop right away again. I myself can hardly believe that I refer to the 1980s West-reality in order to explain today. There is also one or another loop that I can work into this crisis of clarification, for example, the troublesome fact that so many of those who are Berliners by choice have to work in other cities or abroad in order to bring home the cultural bacon; commuting has destroyed the scene. In the end I will say it as simply as possible, that the city ruined itself with speculation in the 1990s and is still bankrupt. After a while, it also occurs to me that it is the seat of government, and since becoming the capital, has preferred to occupy itself with representative projects, for which all kinds of finances and interests can then be mobilized. When the eyes of those listening become too big, and the question of why I then want to remain here is asked, I slowly become lost for words; since it cannot be because of the cheap rents alone."

Marion von Osten (artist, author, and exhibition  maker, works in Vienna, lives in Berlin)
http://www.berlinbiennale.de/blog/en/allgemein-en/marion-von-osten-4-15483

(merci Xavier)

14 décembre 2013

Mes photographies ne sont achevées que lorsqu'elles sont imprimées.

"Quand j'ai commencé à photographier, j'ai vraiment eu le sentiment qu'une photographie était quelque chose qui sortait d'une presse rotative (ces machines très rapides qu'utilisent les quotidiens). C'est pour cette raison que je n'aime pas les expositions organisées à partir de tirages photographiques.

À cette époque, plusieurs personnes m'ont demandé d'exposer mes oeuvres, notamment des fabricants d'appareils photographiques et de pellicules. Mais je n'aimais pas du tout cette idée et je refusais systématiquement. En revanche, montrer mes photographies sur de grands panneaux publicitaires m'aurait intéressé.

Exposer des tirages photographiques n'avait pour moi aucun intérêt. Avec les livres de photographies et les magazines, il n'existe rien au-delà de ce qui est imprimé. Un tirage photographique crée un univers totalement différent de celui que l'on obtient en imprimant une image. Il y a dans cette différence quelque chose qui me fascine. Sur ce point, je n'ai jamais changé d'avis. La photographie prend vie grâce à l'imprimerie.

Mes photographies ne sont achevées que lorsqu'elles sont imprimées. Quand la même image est reproduite dans plusieurs magazines, elle n'est jamais identique ; le procédé peut varier et, par conséquent, la façon dont le photographe est perçu change aussi. Cette transformation m'intéresse beaucoup. Une photographie peut avoir un aspect différent selon le procédé utilisé et le média dans lequel elle est publiée. Elle prend vie de diverses façons."

(Daido Moriyama interviewé dans "Les livres de photographies japonais des années 1960 et 1970" de Ryuichi Kaneko et Ivan Vartanian)

30 décembre 2013

L'AVENTURE

L'AVENTURE

Prends garde c'est l'instant où se rompent les digues
C'est l'instant échappé aux processions du temps
Où l'on joue une aurore contre une naissance

Bats la campagne
Comme un éclair

Répands tes mains
Sur un visage sans raison
Connais ce qui n'est pas à ton image
Doute de toi
Connais la terre de ton coeur
Que germe le feu qui te brûle

Que fleurisse ton oeil
Lumière.

(Paul Eluard)

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3 janvier 2014

Nous sommes tous les jours

Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c’est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c’est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c’est que l’amour.

(Jacques Prévert)

7 janvier 2014

Décembre-Janvier

 

Et puis voilà

Décembre-Janvier

Que s'est-il passé ?

Qu'est-ce qui a passé ?

Beaucoup d'amour partagé

dans les formules toutes faites

et dans les non dits aussi

Parce qu'il y a ce qu'on a vécu ensemble

et qui se termine sans se terminer

Il y a ce qu'on sait qu'on vivra encore

en familiarité et en amouritié

mots inventés

pour la beauté des sentiments

ceux là qui vous font grandir

les uns auprès des autres

avec soin

Peu importe les vides

et les creux

peu importe le défilement

du temps

Nos lignes de vies

savent le long desquelles

s'épanouir encore.

 

À toi. À vous.

 

(EG)

 

 

18 juin 2011

Les Hommes Creux

LES HOMMES CREUX


I

Nous sommes les hommes creux
Les hommes empaillés
Cherchant appui ensemble
La caboche pleine de bourre. Hélas !
Nos voix desséchées, quand
Nous chuchotons ensemble
Sont sourdes, sont inanes
Comme le souffle du vent parmi le chaume sec
Comme le trottis des rats sur les tessons brisés
Dans notre cave sèche.

Silhouette sans forme, ombre décolorée,
Geste sans mouvement, force paralysée ;

Ceux qui s’en furent
Le regard droit, vers l’autre royaume de la mort
Gardent mémoire de nous – s’ils en gardent – non pas
Comme de violentes âmes perdues, mais seulement
Comme d’hommes creux
D’hommes empaillés.

II

Les yeux que je n’ose pas rencontrer dans les rêves
Au royaume de rêve de la mort
Eux, n’apparaissent pas:
Là, les yeux sont
Du soleil sur un fût de colonne brisé
Là, un arbre se balance
Et les voix sont
Dans le vent qui chante
Plus lointaines, plus solennelles
Qu’une étoile pâlissante.

Que je ne sois pas plus proche
Au royaume de rêve de la mort
Qu’encore je porte
Pareils francs déguisements: robe de rat,
Peau de corbeau, bâtons en croix
Dans un champ
Me comportant selon le vent
Pas plus proche -

Pas cette rencontre finale
Au royaume crépusculaire.

III

C’est ici la terre morte
Une terre à cactus
Ici les images de pierre
Sont dressées, ici elles reçoivent
La supplication d’une main de mort
Sous le clignotement d’une étoile pâlissante.

Est-ce ainsi
Dans l’autre royaume de la mort:
Veillant seuls
A l’heure où nous sommes
Tremblants de tendresse
Les lèvres qui voudraient baiser
Esquissent des prières à la pierre brisée.

IV

Les yeux ne sont pas ici
Il n’y a pas d’yeux ici
Dans cette vallée d’étoiles mourantes
Dans cette vallée creuse
Cette mâchoire brisée de nos royaumes perdus

En cet ultime lieu de rencontre
Nous tâtonnons ensemble
Evitant de parler
Rassemblés là sur cette plage du fleuve enflé

Sans regard, à moins que
Les yeux ne reparaissent
Telle l’étoile perpétuelle
La rose aux maints pétales
Du royaume crépusculaire de la mort
Le seul espoir
D’hommes vides.

V

Tournons autour du fi-guier
De Barbarie, de Barbarie
Tournons autour du fi-guier
Avant qu’le jour se soit levé.

Entre l’idée
Et la réalité
Entre le mouvement
Et l’acte
Tombe l’Ombre

Car Tien est le Royaume

Entre la conception
Et la création
Entre l’émotion
Et la réponse
Tombe l’Ombre

La vie est très longue

Entre le désir
Et le spasme
Entre la puissance
Et l’existence
Entre l’essence
Et la descente
Tombe l’Ombre

Car Tien est le Royaume

Car Tien est
La vie est
Car Tien est

C’est ainsi que finit le monde
C’est ainsi que finit le monde
C’est ainsi que finit le monde
Pas sur un Boum, sur un murmure.

 

(Thomas Stearns Eliot, "The Hollow Men", 1925)

18 juin 2011

Owls At Noon

OWLS AT NOON

Remember “The Hollow Men” ?

T.S Eliot wrote it in 1925

The ashes of world war I were barely cold

And we 4-years old toddlers barely made out

A world of strange forms

Shaped by that war the war

To end all wars they said

Which we could discover quite untrue

Less than 80 seasons later


“Headpieces filled with straw”

or “dried voices” or “quiet and meaningless”

How often would these words apply

To my fellow passengers

Aboard the erratic liner

Of century XXth?


“The Hollow men”

“The Stuffed men”


2

How often did we meet in dreams

Those eyes Eliot didn’t dare to meet?


Swinging trees and fading stars

Were our usual visions

The wind sang for us

As it did for him


Just as distant just as solemn

And we too tried to be no nearer

in “death’s dream kingdom”

Under our disguises

Cat’s coat, owlskin, and the rest

Behaving as cats behave

No nearer


But we would never meet again

In the dawn kingdom


3

“This is the death land” he wrote, and

Images of trenches oozed from our childhood

For there our fathers had met for the first time

The unbearable task of being men


What is “cactus land” if not barbed wire?

And what would those fading stars be

If not the blazing trails

Of battlestruck airplanes?


How often would we wake alone

“Trembling with tenderness”

And pray to broken stone?


4

The eyes we would never

Truly recognize them

“What is it

That a blind man may choose?”


Said Siegfried

“Sightless” is a better word


Sightless unless new eyes open

And leave us with that cryptic epithet

“Multifoliate rose”


5

“I’ll be seeing you”

Was our song

Less than 80 seasons later

For every war has a song


Between every song

And every silence

Between every word

And every promise of a word

Falls a shadow


For thine is the kingdom


Life is very long


Between the bare plains of the Somme

And the sands of Iwo Jima

Between the dogfights over dunkirk

And the finger that triggered the bomb

Falls a shadow

For thine is the kingdom


For thine is

Life is


For thine is the

 

“This is the way the world ends

This is the way the world ends

This is the way the world ends

Not with a bang but a whimper”


2004

 

(CM)

 

25 juin 2011

Des méandres au creux des reins

Je n'ai pas peur de la route
Faudrait voir, faut qu'on y goûte
Des méandres au creux des reins
Et tout ira bien

Le vent l'emportera

Ton message à la grande ourse
Et la trajectoire de la course
A l'instantané de velours
Même s'il ne sert à rien

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

La caresse et la mitraille
Cette plaie qui nous tiraille
Le palais des autres jours
D'hier et demain

Le vent les portera

Génétique en bandoulière
Des chromosomes dans l'atmosphère
Des taxis pour les galaxies
Et mon tapis volant lui

Le vent l'emportera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

Ce parfum de nos années mortes
Ceux qui peuvent frapper à ta porte
Infinité de destin
On en pose un, qu'est-ce qu'on en retient ?

Le vent l'emportera

Pendant que la marée monte
Et que chacun refait ses comptes
J'emmène au creux de mon ombre
Des poussières de toi

Le vent les portera
Tout disparaîtra
Le vent nous portera

(Noir Désir, "Le Vent Nous Portera")

11 juillet 2011

Pure Hearts

Well I got pure hearts to get to you
all they shine brighter than the stars above
I hope you know what you do
when you're turning your back on my love
and in the garden down by the pond
when the sun comes to an eclipse
well I hope you'll respond
to the kisses that I lay on your lips
and your sister says: "do it thunder when you were born
some time around the fall of 1979?"
and now there's a magnetic storm
when you rest your sweet body on mine
and in a garbage can under trash and paper
there is a wanted man with his face on fire
and he looks down on me and he says
that he is better off the way he is
than me with a love like yours if you go
[André]
and my enemies they want me blind
they want to slowly see me die of thirst
well they should know that I don't mind
if you're holding my arm when it hurts
and I need you here to relieve me
when there's a demon to fight
and I'm helpless if you leave me
like a werewolf in a full monnlight
like a werewolf in a full monnlight 

("Pure Hearts", Herman Dune)

13 juillet 2011

Let the seasons begin

If I was young, I'd flee this town
I'd bury my dreams underground
As did I, we drink to die, we drink tonight

Far from home, elephant gun
Let's take them down one by one
We'll lay it down, it's not been found, it's not around

Let the seasons begin
Let the seasons begin, take the big king down

Let the seasons begin
Let the seasons begin, take the big king down

And it rips through the silence of our camp at night
And it rips through the night

And it rips through the silence of our camp at night
And it rips through the silence, all that is left is

("Elephant Gun", Beirut)

18 juillet 2011

Postcards From Italy

The times we had
Oh, when the wind would blow with rain and snow
Were not all bad
We put our feet just where they had, had to go
Never to go

The shattered soul
Following close but nearly twice as slow
In my good times
There were always golden rocks to throw
at those who admit defeat too late
Those were our times, those were our times

And I will love to see that day
That day is mine
When she will marry me outside with the willow trees
And play the songs we made
They made me so
And I would love to see that day
Her day was mine

("Postcards From Italy", Beirut)

24 juillet 2011

July

(...)

Et le mieux dans tout ça, c'est que toutes les personnes que cette personne a aimées tout au long de sa vie sont là. Même celles qui l'ont quittée. Elles prennent cette personne par la main et disent à cette personne qu'il leur a été difficile de faire semblant de se mettre en colère pour prendre la voiture et ne jamais revenir. Cette personne n'arrive presque pas à y croire, ça paraissait tellement réel, cette personne en avait eu le coeur brisé, elle s'en était remise, et maintenant cette personne ne sait plus quoi en penser. Cette personne est presque en colère. Mais tout le monde calme cette personne. Tout le monde explique que c'était absolument nécessaire de savoir si cette personne était vraiment forte.

(...)

("Cette personne" dans "Un bref instant de romantisme" de Miranda July)

12 août 2011

You better help the voice of youth find "What is truth?"

The old man turned off the radio
Said, "Where did all of the old songs go
Kids sure play funny music these days
They play it in the strangest ways"
Said, "it looks to me like they've all gone wild
It was peaceful back when I was a child"
Well, man, could it be that the girls and boys
Are trying to be heard above your noise?
And the lonely voice of youth cries "What is truth?"

A little boy of three sittin' on the floor
Looks up and says, "Daddy, what is war?"
"son, that's when people fight and die"
The little boy of three says "Daddy, why?"
A young man of seventeen in Sunday school
Being taught the golden rule
And by the time another year has gone around
It may be his turn to lay his life down
Can you blame the voice of youth for asking
"What is truth?"

A young man sittin' on the witness stand
The man with the book says "Raise your hand"
"Repeat after me, I solemnly swear"
The man looked down at his long hair
And although the young man solemnly swore
Nobody seems to hear anymore
And it didn't really matter if the truth was there
It was the cut of his clothes and the length of his hair
And the lonely voice of youth cries
"What is truth?"

The young girl dancing to the latest beat
Has found new ways to move her feet
The young man speaking in the city square
Is trying to tell somebody that he cares
Yeah, the ones that you're calling wild
Are going to be the leaders in a little while
This old world's wakin' to a new born day
And I solemnly swear that it'll be their way
You better help the voice of youth find
"What is truth?" 

(Johnny Cash, What is Truth?)

29 août 2011

mon âge

un âge

pour le mariage

un âge

pour les coeurs battants

oh oui

un âge

pour la boule au ventre

aussi

un âge

pour faire s'envoler des lanternes

pour compter des étoiles filantes

pour scruter la voie lactée

pour chercher des lucioles

un âge

pour des chemins nombreux

à emprunter

pour des chemins sinueux

à faire dévier

un âge

pour voir naître

pour voir vieillir

pour ne pas dire mourir

un âge

pour aimer

pour enfanter

un âge

pour s'épauler

pour s'accompagner

un âge

pour observer

encore

un âge

pour voyager

toujours

un âge

pour étudier

ou pas

pour travailler

ou pas

un âge

pour lister des souvenirs

déjà

un âge

pour parier sur l'avenir

bien sûr

un âge

pour relancer les dés

peut être.

(EG)

 

15 septembre 2011

Spelunking

The tiny midnight caravan
Made its way across the black hills
As I watched from a distance
The slow-going glow
Their wandering you know 
Made me pine
For the lamplight 
Where you lie

If I took you darling
To the caverns of my heart
Would you light the lamp dear?
Would you light the lamp dear?
And see fish without eyes
Bats with their heads
Hanging down towards the ground
Would you still come around
Come around?

I believe in you
In your honesty and your eyes
Even when I’m sloshing 
In the muck of my demise
A large part of me 
Is always and forever tied
To the lamplight
Of your eyes, of your eyes

(Laura Veirs, "Spelunking")

(merci Rick M.)

20 septembre 2011

L'étourderie

Si tu as oublié tes clés ce matin
C'est que l'amour t'a pris sur son dos
Si tu as manqué rater le train
C'est que l'amour s'est posé sur ton dos

L'étourderie des amoureux partis
Fait tourner la tête des tourtereaux
L'étourneau qui perdit l'amour heureux
L'a retrouvé au fond de mes yeux

Si j'ai laissé mes soucis en chemin
C'est que l'amour s'est posé sur mon dos
Si j'ai oublié le prix du pain
C'est que l'amour m'a prise sur son dos

L'étourderie des amoureux partis
Fait tourner la tête des tourtereaux
La perdrix qui perdit l'amour heureux
L'a retrouvé au fond de tes yeux

Si tu as oublié le lendemain
Si j'ai effacé l'air du refrain
Si tu as mélangé mai et juin
Si j'ai oublié de demander ta main

L'étourderie des amoureux partis
Fait tourner la tête des tourtereaux
Qui éperdus perdirent l'amour heureux
Pour le retrouver au fond de mes yeux
...

(Camille, "L'Etourderie")

(merci Marie L)

4 mars 2012

JUST KIDS

(...)

Ma mère nous a appris les jeux de son enfance(...). On confectionnait des chaînes de paquerettes pour en faire colliers et couronnes. Le soir on capturait des lucioles dans des bocaux, et on faisait des bagues de leurs ventres luisants.

(...)

Ensemble, nous riions des enfants que nous avions été ; nous jugions que j'avais été une méchante fille qui s'efforçait d'être gentille, et lui un gentil garçon qui s'efforçait d'être méchant. Au fil des années, ces rôles allaient s'inverser, puis s'inverser de nouveau, jusqu'à ce que nous arrivions à accepter notre nature double et à nous mettre en paix avec l'idée que nous renfermions des principes opposés, la lumière et l'obscurité.

J'étais une enfant rêveuse, quelque peu somnanbule. J'agaçais mes professeurs avec mon don précoce pour la lecture, doublé d'une incapacité à l'appliquer à tout ce qu'ils estimaient pratique. L'un après l'autre, ils notaient sur mes bulletins que je rêvassais beaucoup trop, que je semblais toujours ailleurs. Où était cet ailleurs, je ne saurais le dire, mais il m'a souvent valu de me retrouver au coin, assise sur un tabouret haut, bien en vue avec un chapeau en papier conique sur la tête.

Plus tard, je fis pour Robert de grands dessins détaillés de ces moments d'humiliation comique. Il les adorait : on aurait dit qu'il appréciait chez moi toutes les qualités qui repoussaient les autres ou les tenaient à l'écart. Par ce dialogue visuel, mes souvenirs d'enfance devinrent les siens.

(...)

Un jour, tandis que je clopinais vers la maison sous l'enclume du soleil, ma mère m'acosta.
"Patricia, me dit elle d'un ton de reproche, enfile une chemise !
- Il fait trop chaud, je gémis. Tout le monde est torse nu.
- Chaud ou pas, il est temps que tu te mettes à porter une chemise. Tu es sur le point de devenir une jeune femmme."
Je protestai avec véhémence et annonçait que je n'allais jamais devenir autre chose que moi-même, que je faisais partie du clan de Peter Pan, ceux qui ne grandisent pas.

(...)

Robert adorait écouter les histoires de mon enfance, mais quand je le questionnais sur la sienne, il n'avait pas grand chose à raconter. (...) "Ma famille, c'est toi", disait-il.

(...)

J'avais vingt ans quand je suis montée dans le bus. Je portais ma salopette, un col roulé noir, et le vieil imper gris que j'avais acheté à Camden. Ma petite valise écossaise rouge et jaune contenait quelques fringues, et des photos de mon frère et de mes soeurs. J'étais superstitieuse. Nous étions un lundi ; j'étais née un lundi. C'était un bon jour our arriver à New York City. Personne ne m'attendait. Tout m'attendait.

(...)

Comme Jean Genet, Robert était un bien piètre voleur. Genet s'était fait emprisonner pour avoir volé des volumes rares de Proust et des rouleaux de soie chez un tailleur. Des voleurs esthétiques. Je me représentais parfaitement son horreur mêlée au triomphe tandis qu'il contemplait des lambeaux de Blake qui plongeaient, avec un tourbillon, dans les égouts de New York.

Nous avons baissé les yeux pour regarder nos mains jointes. Nous avons respiré profondément, acceptant notre complicité, non dans le vol, mais dans la destruction d'une oeuvre d'art.

"Au moins, ils ne mettront jamais la main dessus, a-t-il dit.
- Qui ça, ils ?
- Tous ceux qui ne sont pas nous."

(...)

Mais avant même de lire ces mots, le titre a suffi à m'émouvoir profondément : "Patti - Ce que je pense - Robert". Je lui avais demandé, l'avais supplié même, si souvent, avant de partir, de me dire à quoi il pensait, ce qu'il avait sur le coeur. Il restait muet.

J'ai réalisé, en regardant ces feuilles de papier, qu'il avait creusé profondément en lui-même à mon intention - il avait essayé d'exprimer l'inexprimable. Imaginer l'angoisse qui l'avait poussé à écrire cette lettre m'a tiré les larmes.

"J'ouvre des portes, je ferme des portes", écrivait-il. Il n'aimait personne. Il aimait tout le monde. Il aimait le sexe, il détestait le sexe. La vie est un mensonge, la vérité est un mensonge. Ses pensées se terminaient sur une blessure en train de guérir. "Je me tiens nu quand je dessine. Dieu me tient la main et nous chantons ensemble." Son manifeste d'artiste.

J'ai laissé se dissiper ce qui ressemblait à une confession, et j'ai accepté ces mots comme une hostie à la communion. Il avait jeté la ligne qui allait me séduire, nous lier, en fin de compte, l'un à l'autre. J'ai plié la lettre et l'ai remise dans l'envelopppe. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui allait suivre.

(...)

Lui et moi, nous nous étions donnés à d'autres. A trop tergiverser, nous avions perdu tout le monde, mais nous nous étions retrouvés. Ce que nous désirions, sans doute, c'était ce que nous avions déjà : un amant et un ami avec qui créer, côte à côte. Etre fidèles, sans cesser d'être libres.

(...)

Sur le dessus de la pile, j'ai remarqué Nashville Skyline. Quand Robert me l'avait offert avant mon départ pour Paris, j'avais écouté "Lay Lady Lay" en boucle. En rassemblant mes carnets, j'ai retrouvé l'édition d'Ariel de Sylvia Plath que Robert m'avait offerte lors de notre rencontre. Mon coeur s'est serré un instant, car je savais que cette phase innocente de notre vie était passée. J'ai glissé dans ma poche une enveloppe qui contenait les clichés de Woman I que j'avais faits au MoMA, mais j'ai abandonné mes tentatives ratées de peindre son portrait, des rouleaux de toile éclaboussés de terre de Sienne, de roses et de verts, souvenirs d'une ambition envolée. J'étais trop curieuse de l'avenir pour m'appesantir sur le passé.

(...)

"Patti, personne ne voit comme toi et moi", m'a-t-il dit de nouveau. Chaque fois qu'il disait ce genre de choses, pour un laps de temps magique, c'était comme si nous étions les deux seuls êtres humains au monde.

(...)

Cependant, une vibration se faisait sentir, une impression d'accélération. Ca avait commencé avec la lune, ce poème inaccessible. Maintenant, des hommes avaient marché dessus, il a avait des traces de caoutchouc sur la perle des dieux. Peut-être était-ce la consicence soudaine du temps qui passe, le dernier été de la décennie. Parfois, j'avais envie de dire pouce et d'arrêter tout ça. Mais arrêter quoi ? Arrêter de grandir, tout simplement, peut être.

(...)

Cette nuit là, j'étais trop excitée pour m'endormir : des possibilités infinies semblaient tournoyer au-dessus de ma tête. J'ai fixé le plafond de plâtre, comme lorsque j'étais enfant. Il m'a semblé que les motifs vibratiles qui s'entrecroisaient au-dessus de moi trouvaient lentement leur place.
Le mandala de ma vie.

(...)

J'ai toujours adoré le trajet jusqu'à Coney Island. La simple idée de pouvoir aller à l'océan en métro était follement magique. J'étais profondément absorbée dans une biographie de Crazy Horse quand soudain j'ai réintégré le présent. J'ai posé les yeux sur Robert. Avec son chapeau années quarante, son tee-shirt filet noir et ses sandales mexicaines, il ressemblait à un personnage de Brighton Rock.
Le métro est arrivé à destination. Je me suis levée d'un bon, pleine d'une joyeuse impatience toute enfantine, et j'ai remis le livre dans le sac. Il m'a pris la main.

(...)

Enfin venait le moment où il fallait trancher le dilemme shakespearien : devait-il oui ou non porter trois colliers? Au bout du compte, un seul était trop subtil, et deux n'avaient pas d'impact. D'où le second débat : plutôt trois ou pas du tout? Sandy comprenait que Robert posait une équation artistique. Je le savais également, mais pour moi la question c'était : "On y va, oui ou non?" Dans ces processus décisionnels complexes, j'avais la concentration d'un adolescent défoncé.

(...)

Les années soixante touchaient à leur fin. Avec Robert, nous avons fêté nos anniversaires respectifs. Robert a eu vingt-trois ans. Puis j'ai eu vingt-trois ans. Le parfait nombre premier. Robert m'a confectionné un porte-cravates avec l'image de la Vierge Marie. Je lui ai offert sept têtes de mort en argent fixées sur une cordelette de cuir. Il a mis le collier. J'ai mis une cravate. Nous nous sentions parés pour les années soixante-dix.
"C'est notre décennie", m'a-t-il dit.

(...)

On dit que les enfants ne font pas la distinction entre les objets vivnts et inanimés ; je crois au contraire que si. Un enfant fait don à sa poupée ou à son soldat de plomb d'un souffle de vie magique. L'artiste anime ses oeuvres de la même façon que l'enfant anime ses jouets.

(...)

Les silences étaient des signes, j'en étais persuadée. Nous étions déjà passés par là. Même si nous n'en parlions pas, je me préparais lentement aux changements qui viendraient sûrement. Nous avions toujours des relations intimes, et je crois qu'il nous était difficile à tous les deux de parler ouvertement de ce qui se passait. Paradoxalement, on aurait dit qu'il voulait se rapprocher de moi. Peut-être sa tendresse n'était-elle que l'ultime sursaut avant la fin, comme celle d'un gentleman qui achèterait des bijoux à sa maîtresse avant de lui annoncer que c'est terminé.

(...)

Nous restions fidèles à notre serment, Robert et moi. Aucun de nous deux ne quitterait l'autre. Je ne l'ai jamais vu par le prisme de la sexualité. Mon image de lui est demeurée intacte. Il était l'artiste de ma vie.

(...)

Nous avions besoin de temps pour éclaircir la signification de tout cela, trouver une façon de l'assumer et de redéfinir le nom de notre amour. Il m'avait appris que la contradiction est souvent la voie la plus évidente vers la vérité.

(...)

Et pour sceller une union qui semblait prédestinée, Robert et Sam partageaient le même anniversaire, avec vingt-cinq ans d'écart. Le 4 novembre, nous avons fêté l'événement au Pink Tea Cup (...). Ce soir-là, Robert a offert à Sam une photo, et Sam a offert à Robert un Hasselblad. Cet échange précoce symbolisait leurs rôles respectifs d'artiste et de mécène.

(...)

Je savais que nous pensions à la même chose, à tout ce que nous avions traversé, bon et mauvais, mais que nous n'éprouvions aussi un certain soulagement. Robert m'a pressé la main.
"Tu es triste?" a-t-il demandé.
- Je suis prête."

(...)

J'ai repensé à ma mère qui disait que ce qu'on fait le 1er janvier préfigure ce que l'on fera le reste de l'année. Sentant l'esprit de mon saint Gregory privé, je me suis juré que 1973 serait mon année poétique.

(...)

Il a de nouveau pris quelques clichés.
"Je la tiens.
- Comment tu le sais?
- Je le sais, c'est tout."
Il a pris douze photos ce jour-là.
Quelques jours plus tard, il m'a montré la planche contact.
"Dans celle-ci, il y a de la magie", a-t-il affirmé.
Lorsque je la regarde aujourd'hui, ce n'est jamais moi que je vois. C'est nous.

(...)

J'ai repris une vie de citoyenne ordinaire. Elle m'a emmenée loin du monde que j'avais connu, mais Robert n'a jamais quitté mes pensées ; il était l'étoile bleue dans la constellation de ma cosmologie personnelle.

(...)

Il ne ne sentais pas bien, mais il a réussi, je ne sais comment, à canaliser le peu d'énergie qui lui restait pour prendre la photo. Cet instant contenait de la confiance, de la compassion et notre sens commun de l'ironie. Il portait la mort en lui et je portais la vie. Nous en étions tous deux conscient, je le sais.
C'était une photographie tout simple. Mes cheveux y sont tressés comme ceux de Frida Kahlo. J'ai le soleil dans les yeux. Et je regarde Robert et il est vivant."

(...)

Quelques jours plus tard, Robert m'a photographié vêtue du blouson aviateur de Fred pour la pochette du single que nous projetions de sortir. En découvrant la photo, Fred a dit : "Je ne sais pas comment il s'y prend, mais toutes les photos qu'il fait de toi lui ressemblent, à lui."

(...)

La lumière ruisselait à travers les vitres sur ses photos et ce poème silencieux que nous formions, assis ensemble une dernière fois. Robert mourant : il créait le silence. Moi, destinée à vivre, j'écoutais attentivement un silence qu'il faudrait toute une vie pour exprimer.

(...)

(extraits du livre "Just Kids", Patti Smith, 2010)

20 septembre 2011

L'étourderie *

L'étourderie.

Il est vrai qu'elle est jolie, l'étourderie,

qu'elles sont jolies à plusieurs, peut être même aussi ?

Mais les laisser arriver,

cela n'est pas si inné.

Alors si tu as failli...

te perdre,

te tromper.

Si tu as manqué...

ceci, cela,

ici, ou là.

C'est peut être bien oui

un signe

(cygne ?),

un don

(dont...?),

dont il ne faut pas se méfier.

Que l'on peut alors suivre ?

Dont on doit finalement rire ?

Un détail pour faire sourire.

Un envol à saisir.

(EG)

2 octobre 2011

as pure and strange as what I see

Sometimes I feel so happy
Sometimes I feel so sad
Sometimes I feel so happy
But mostly you just make me mad
Baby you just make me mad
Linger on, your pale blue eyes
Linger on, your pale blue eyes

Thought of you as my mountain top
Thought of you as my peak
Thought of you as everything
I've had but could'nt keep
I've had but could'nt keep

If I could make the world as pure and strange as what I see
I'd put you in the mirror I put in front of me
I'd put in front of me

Skip a life completely, stuff it in a cup
She said money is like us in time
It lies but can't stand up
Down for you is up

It was good what we did yesterday
And I'd do it once again
The fact that you are married
Only proves that you're my best friend
But it's truly, truly a sin
Linger on, your pale blue eyes
Linger on, your pale blue eyes

("Pale Blue Eye", Nico & The Velvet Underground)

4 octobre 2011

L'Apollonide

"Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie." (Ronsard)

L'APOLLONIDE

Un enclos

Des coeurs clos,
avant même d'avoir éclos.

Mais de la grâce,
de la classe ?

De la vie.
Et la survie.

Des filles en fleurs, 
des femmes fânées.

Des hommes aimés,
des hommes paumés.

Une époque
révolue ?
Un métier
mis à nu !

Et ici,
des amitiés, 
des amours,
des amouritiés.

Et là,
de l'indifférence,
de la violence,
de la dépendance. 

Quand on aime bien, oui,
ce qui nous entoure.
Sans vouloir,
ni voir,
que cela nous joue des tours.

...

J'aime le cinéma.

(EG)

(merci Bertrand Bonello) 

22 décembre 2011

Camille - Le Message

Si tu me laisses un message
C'est que je suis dans les nuages
Nuages, nuages, nuages...


Loin des foules et du grabuge
De la force centrifuge,
Je suis loin mais ce n'est pas si loin, lalala


Si tu me laisses un message
Je le lirai dans les nuages
Nuages, nuages, nuages...

Parmi les anges et les mages,
Je distinguerai ton visage
Tu es loin mais ce n'est pas si loin, lalala


Si tu me laisses un message
C'est que je suis dans les nuages,
Nuages, nuages, nuages...

("Le Message", Camille)

6 février 2012

When...

When I go home

Who is nearby ?

A nice young man

Wants to accompany me.

 

But I, covered in snow,

Say, oh, I am sorry.

What you want

I will not do.

 

I’ve never loved,

Never broken a heart,

Never kissed a mouth,

Don’t know what love is.

 

For a man’s false heart

It doesn’t ease the pain.

False they all are

Bitter as gall.

 

The one I don’t like

I see every day.

The one I really do

Is far away.

 

If only the Red Sea

Were nothing but champagne

And I a goldfish small,

Oh how happy I would be.

 

(Gundula Schulze Eldowy)

15 février 2012

En absence de tout confident, en lien

Avec la seule ombre de la cour

Du haut de sa tige, la rose-thé

déploie sa muette clarté

Ce qui jaillit de l'intérieur

Pétale après pétale

Semble déborder d'un trop plein de vouloir dire

Mais retenu aussitôt

Par la courbure de chaque pétale

tournée vers un centre secret

Les gouttes de pluie n'y peuvent rien

Avec son inviolable fragrance

Au coeur de l'invisible onde

Terrestre, elle ignore d'où elle vient, où elle va

Combien pourtant de tout son être elle sait

Qu'une fois pour toute, là, elle est.

(François Cheng)

(MERCI Marie L)

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