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22 avril 2011

...et si l'on commence, pourquoi s'arrêter ?

Je me défendrai toujours d'être photographe : cette attraction me fait peur. Il me semble qu'elle peut vite tourner à la folie, car tout est photographiable, tout est intéressant à photographier, et d'une journée de sa vie on pourrait découper des milliers d'instants, des milliers de petites surfaces, et si l'on commence, pourquoi s'arrêter ?

(Hervé Guibert, "Le mausolée des amants")

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24 avril 2011

Ré... nominatif

champs
marais
côte
plage
digue
vent
soleil
baignade
courant
sel
fleur de sel
figues
chèvres
barbecue
ânes
langoustines
betteraves
Isa
Moun
Poun
feu
jeux
mouclade
marché
brocante
jardin
dorade
bar 
caramel
vélo
île
remparts
glaces
clocher
château d'eau 
pins
pain
brioche
beurre
noël
pâques
été
toussaint
touristes
insulaires
livre
journal
magazine
amis
repas
tablée
martini
discothèque
espadrilles
k-way
ciré
bottes
vase
pêche
coquillages
parasol
cerf-volant
grands-parents
hier
aujourd'hui
demain 

(EG)
 

24 avril 2011

Combat

(...) Il nous est revenu en mémoire un éditorial d'Albert Camus, en une du quotidien "Combat", le 31 août 1944 : "La tâche de chacun de nous est de bien penser ce qu'il se propose de dire, de modeler peu à peu l'esprit du journal qui est le sien, d'écrire attentivement et de ne jamais perdre cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pays sa voix profonde. Si nous faisons que cette voix demeure celle de l'énergie plutôt que celle de la haine, de la fière objectivité et non de la rhétorique, de l'humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup de choses seront sauvées et nous n'aurons pas démérité." L'éditorial était titré "Critique de la nouvelle presse".

Redonner la voix profonde des lecteurs, respecter leur souci d'énergie, d'objectivité et d'humanité. Ces mots résonnent avec les vôtres. Nous les faisons ceux de XXI.

(Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, Directeur de la publication et Rédacteur en chef de la revue XXI. XXI, Numéro 14, Editorial Avril-Mai-Juin 2011)

(merci XXI)

24 avril 2011

TRAUM

T
R
A
U
M

trois lettres
+
deux lettres 

pour un mot qui en contient tant

"rêve"
en allemand

un mot en prologue

traum...
à nous, français, évoque le trauma-
-tisme, pendant qu'on y est !

mais non, mais non...
mais non, mais non ? 

rêver ici
traumatiser là

si opposés et si rapprochés à la fois

c'est qu'il doit bien y avoir de cela

entre ici où je suis, et là bas 

un peu plus à l'Est de moi

 

(EG) 

9 mai 2011

...and make it better

Hey Jude don't make it bad
Take a sad song and make it better
Remember to let her into your heart
Then you can start to make it better

Hey Jude don't be afraid
You were made to go out and get her
The minute you let her under your skin
Then you begin to make it better

And any time you feel the pain, Hey Jude, refrain
Don't carry the world upon your shoulders
For well you know that it's a fool who plays it cool
By making his world a little colder

Hey Jude don't let me down
You have found her now go and get her
Remember to let her into your heart
Then you can start to make it better

So let it out and let it in
Hey Jude begin
You're waiting for someone to perform with
And don't you know that it's just you
Hey Jude you'll do
The movement you need is on your shoulder

Hey Jude don't make it bad
Take a sad song and make it better
Remember to let her under your skin
Then you'll begin to make it better better better

(The Beatles, "Hey Jude")

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16 mai 2011

Alors c'est quoi ?

Ca commence comme une chanson des Rita Mitsouko.

Et puis ca se perd... Parce que : qui ? que ? quoi ?

Pas toujours facile de le dire.

Alors on se demande ce qui est, ce qui sera, ce qui a été. Toujours entre le futur, nécessaire, et le passé, inévitable. Parce que le présent, c'est le plus simple oui, et c'est quoi au juste ? Etre présent(e). Juste, c'est bien le mot. Juste là. Avec justice, avec justesse. Justement... Non merci, pas de jugements.

Le présent ne joue pas au solitaire.

Le présent est relié, tissé, tricoté, marqué (par moi + toi + eux).

Moi, toi et tous les autres. C'est tout ? (on s'en fout) Mais cela fait tout justement : tous les autres. Tellement de choses et d'autres, à voir, à vivre, à observer, voir à aimer. Disons à apprécier.

Etre donc

Dans l'appréciation

de

ce que l'on fait là.

Voilà ?

Voilà

(pour aujourd'hui).

 

(EG)

19 mai 2011

... wasted hours

All those wasted hours we used to know
Spent the summer staring out the window
The wind it takes you where it wants to go

First they built the road, then they built the town
That's why we're still driving round and round
And all we see
Are kids in buses longing to be free

Wasted hours, before we knew
Where to go, and what to do
Wasted hours, that you made new
And turned into
A life that we can live

Some cities make you lose your head
Endless suburbs stretched out thin and dead
And what was that line you said
Wishing you were anywhere but here
You watch the life you're living disappear
And now I see
We're still kids in buses longing to be free

Wasted hours, before we knew
Where to go, and what to do
Wasted hours, that you made new
And turned into
A life that we can live

(The Arcade Fire, "Wasted Hours")

22 mai 2011

and there's no map

if you ever get close to a human
and human behaviour
be ready be ready to get confused

there's definitely definitely definitely no logic
to human behaviour
but yet so yet so irresistible

and there's no map

they're terribly terribly terribly moody
a human behaviour
then all of a sudden turn happy
but, oh, to get involved in the exchange
of human emotions
is ever so ever so satisfying

there's no map
and a compass
wouldn't help at all

human behaviour

(Björk, "Human Behaviour")

25 mai 2011

Forget your head and you will be free

Fill your heart with love today
Don't play the game of time
Things that happened in the past
Only happened in your Mind
Only in your Mind-Forget your Mind
And you'll be free-yeah
The writing's on the wall
Free-yeah. And you can know it all
If you choose. Just remember
Lovers never lose
'Cause they are Free of thoughts unpure 
And of thoughts unkind
Gentleness clears the soul
Love cleans the mind
And makes it Free.

Happiness is happening
The dragons have been bled
Gentleness is everywhere
Fear's just in your Head
Only in your Head
Fear is in your Head
Only in your Head
So Forget your Head
And you'll be free
The writing's on the wall
Free-yeah. And you can know it all
If you choose. Just remember
Lovers never lose
'Cause they are free of thoughts unpure
And of thoughts unkind
Gentleness clears the soul
Love cleans the mind
And makes it Free

(David Bowie, "Fill your Heart")

31 mai 2011

Des lendemains

Des lendemains qui chantent
Malgré la pluie battante
Sans procès d'intention
Être heureux pour de bon
En exauçant nos rêves
De baisers sur les lèvres
De retour à la norme
Dans le fond et la forme
Des lendemains qui dansent
Sans accrocs ni offenses

Des lendemains qui chantent
Sans heures de file d'attente
Le long des golfes longs
Ne plus toucher le fond
Puis faire la paix des braves
Jurer que c'est pas grave
En ignorant le pire
En osant même un sourire
Des lendemains qui dansent
Sans pitié ni clémence

Des lendemains qui chantent
Une cheminée crépitante

Même si la vie ne vaut le coup
Lorsqu'on y pense
Qu'après coup
Même si la vie ne vaut la peine
Que lorsqu'on roule
À perdre haleine

Des lendemains qui chantent
Malgré la pluie battante
Sans un accordéon
Sans spécialités maison
En marchant sur la grève
On observe une trêve
À la tombée du jour
Sans couvre feu ni tambours
Des lendemains qui dansent
Sans accrocs ni offenses

Des lendemains qui chantent
Des histoires palpitantes
Un unique horizon
Et des fruits de saison
Sans céder le passage
Et sans accès de rage
Ni repères, ni remords
Assis à la place du mort
Des lendemains qui dansent
Et qui souffrent en silence

Des lendemains qui chantent
Une cheminée crépitante

(Benjamin Biolay, "Des lendemains qui chantent")

4 juin 2011

la grande jetée

"Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance".

"Le trentième jour, la rencontre a lieu. Cette fois il est sûr de la reconnaître. C'est d'ailleurs la seule chose dont il soit sûr".

"Ils sont sans souvenirs, sans projets. Leur temps se construit simplement autour d'eux, avec pour seul repère le goût du moment qu'ils vivent".

"Une fois sur la grande jetée d'Orly, dans ce chaud dimanche d'avant-guerre où il allait pouvoir demeurer, il pensa avec un peu de vertige que l'enfant qu'il avait été devait se trouver là aussi, à regarder les avions. Mais il chercha d'abord le visage d'une femme, au bout de la jetée. Il courut vers elle. Et lorsqu'il reconnut l'homme qui l'avait suivi depuis le camp souterrain, il comprit qu'on ne s'évadait pas du Temps, et que cet instant qu'il lui avait été donné de voir enfant, et qui n'avait pas cessé de l'obséder, c'était celui de sa propre mort".

(voix off dans "La Jetée", un film de Chris Marker)

7 juin 2011

TAKE ME OUT

So if you're lonely
You know I'm here waiting for you
I'm just a cross-hair
I'm just a shot away from you
And if you leave here
You leave me broken, shattered, I lie
I'm just a cross-hair
I'm just a shot, then we can die

I know I won't be leaving here with you

I say "don't you know?"
You say you don't know
I say... take me out!

I say "you don't show"
Don't move, time is slow
I say... take me out!

I say "you don't know"
You say you don't go
I say... take me out!

If I move, this could die
Eyes move, this could die
I want you… to take me out

I know I won't be leaving here
I know I won't be leaving here
I know I want be sleeping here
I know I won't be leaving here with you

I say "don't you know?"
You say you don't know
I say... take me out!

If I wait, this can die
If I wane, this can die
I want you… to take me out

If I move, this could die
If eyes move, this could die
Come on… take me out

I know I won't be leaving here
I know I won't be leaving here
I know I want be sleeping here
I know I won't be leaving here with you

(Franz Ferdinand, "Take Me Out")

1 août 2011

Als das Kind Kind war

Song of Childhood
By Peter Handke

When the child was a child
It walked with its arms swinging,
wanted the brook to be a river,
the river to be a torrent,
and this puddle to be the sea.

When the child was a child,
it didn’t know that it was a child,
everything was soulful,
and all souls were one.

When the child was a child,
it had no opinion about anything,
had no habits,
it often sat cross-legged,
took off running,
had a cowlick in its hair,
and made no faces when photographed.

When the child was a child,
It was the time for these questions:
Why am I me, and why not you?
Why am I here, and why not there?
When did time begin, and where does space end?
Is life under the sun not just a dream?
Is what I see and hear and smell
not just an illusion of a world before the world?
Given the facts of evil and people.
does evil really exist?
How can it be that I, who I am,
didn’t exist before I came to be,
and that, someday, I, who I am,
will no longer be who I am?

When the child was a child,
It choked on spinach, on peas, on rice pudding,
and on steamed cauliflower,
and eats all of those now, and not just because it has to.

When the child was a child,
it awoke once in a strange bed,
and now does so again and again.
Many people, then, seemed beautiful,
and now only a few do, by sheer luck.

It had visualized a clear image of Paradise,
and now can at most guess,
could not conceive of nothingness,
and shudders today at the thought.

When the child was a child,
It played with enthusiasm,
and, now, has just as much excitement as then,
but only when it concerns its work.

When the child was a child,
It was enough for it to eat an apple, … bread,
And so it is even now.

When the child was a child,
Berries filled its hand as only berries do,
and do even now,
Fresh walnuts made its tongue raw,
and do even now,
it had, on every mountaintop,
the longing for a higher mountain yet,
and in every city,
the longing for an even greater city,
and that is still so,
It reached for cherries in topmost branches of trees
with an elation it still has today,
has a shyness in front of strangers,
and has that even now.
It awaited the first snow,
And waits that way even now.

When the child was a child,
It threw a stick like a lance against a tree,
And it quivers there still today.

//

Lied Vom Kindsein
– Peter Handke


Als das Kind Kind war,
ging es mit hängenden Armen,
wollte der Bach sei ein Fluß,
der Fluß sei ein Strom,
und diese Pfütze das Meer.

Als das Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins.

Als das Kind Kind war,
hatte es von nichts eine Meinung,
hatte keine Gewohnheit,
saß oft im Schneidersitz,
lief aus dem Stand,
hatte einen Wirbel im Haar
und machte kein Gesicht beim fotografieren.

Als das Kind Kind war,
war es die Zeit der folgenden Fragen:
Warum bin ich ich und warum nicht du?
Warum bin ich hier und warum nicht dort?
Wann begann die Zeit und wo endet der Raum?
Ist das Leben unter der Sonne nicht bloß ein Traum?
Ist was ich sehe und höre und rieche
nicht bloß der Schein einer Welt vor der Welt?
Gibt es tatsächlich das Böse und Leute,
die wirklich die Bösen sind?
Wie kann es sein, daß ich, der ich bin,
bevor ich wurde, nicht war,
und daß einmal ich, der ich bin,
nicht mehr der ich bin, sein werde?

Als das Kind Kind war,
würgte es am Spinat, an den Erbsen, am Milchreis,
und am gedünsteten Blumenkohl.
und ißt jetzt das alles und nicht nur zur Not.

Als das Kind Kind war,
erwachte es einmal in einem fremden Bett
und jetzt immer wieder,
erschienen ihm viele Menschen schön
und jetzt nur noch im Glücksfall,
stellte es sich klar ein Paradies vor
und kann es jetzt höchstens ahnen,
konnte es sich Nichts nicht denken
und schaudert heute davor.

Als das Kind Kind war,
spielte es mit Begeisterung
und jetzt, so ganz bei der Sache wie damals, nur noch,
wenn diese Sache seine Arbeit ist.

Als das Kind Kind war,
genügten ihm als Nahrung Apfel, Brot,
und so ist es immer noch.

Als das Kind Kind war,
fielen ihm die Beeren wie nur Beeren in die Hand
und jetzt immer noch,
machten ihm die frischen Walnüsse eine rauhe Zunge
und jetzt immer noch,
hatte es auf jedem Berg
die Sehnsucht nach dem immer höheren Berg,
und in jeder Stadt
die Sehnsucht nach der noch größeren Stadt,
und das ist immer noch so,
griff im Wipfel eines Baums nach dem Kirschen in einemHochgefühl
wie auch heute noch,
eine Scheu vor jedem Fremden
und hat sie immer noch,
wartete es auf den ersten Schnee,
und wartet so immer noch.

Als das Kind Kind war,
warf es einen Stock als Lanze gegen den Baum,
und sie zittert da heute noch.

(www.wim-wenders.com)

1 septembre 2011

Incendies (extraits)

INCENDIES (Wajdi Mouawad, Actes Sud-Papiers, 2003)

---

Aube. Forêt. Rocher. Arbres blancs. Nawal (14 ans). Wahab. 

NAWAL.

Wahab ! Ecoute moi. Ne dis rien. Non. Ne parle pas. Si tu me dis un mot, un seul, tu pourrais me tuer. Tu ne sais pas encore, tu ne sais pas le bonheur qui va être notre malheur. Wahab, j’ai l’impression qu’à partir du moment où je vais laisser échapper les mots qui vont sortir de ma bouche, tu vas mourir toi aussi. Je vais me taire, Wahab, promets-moi alors de ne rien dire, s’il te plaît, je suis fatiguée, s’il te plaît, laisse le silence. Je vais me taire. Ne dis rien.

Elle se tait.

Je t’ai appelé toute la nuit. J’ai couru toute la nuit. Je  savais que j’allais te trouver au rocher aux arbres blancs. Je voulais le hurler pour que tout le village l’entende, pour que les arbres l’entendent, que la nuit l’entende, pour que la lune et les étoiles l’entendent. Mais je ne pouvais pas. Je dois te le dire à l’oreille, Wahab, après, je ne pourrai plus te demander de rester dans mes bras même si c’est ce que je veux le plus au monde, même si j’ai la conviction que je serai à jamais incomplète si tu demeures à l’extérieur de moi, même si, à peine sortie de l’enfance, je t’avais trouvé, toi, et qu’avec toi je tombais enfin dans les bras de ma vraie vie, je ne pourrai plus rien te demander.

Il l’embrasse.

J’ai un enfant dans mon ventre, Wahab ! Mon ventre est plein de toi. C’est un vertige, n’est ce pas ? C’est magnifique et horrible, n’est ce pas ? C’est un gouffre et c’est comme la liberté aux oiseaux sauvages, n’est ce pas ? Et il n’y a plus de mots ! Que le vent ! Quand j’ai entendu la vieille Elhame me le dire, un océan a éclaté dans ma tête. Une brûlure.

---

Nawal (19 ans) et Sawda dans l’orphelinat de Kfar Rayat.

NAWAL. Pourquoi ?

LE MEDECIN. C’est la guerre.

SAWDA. Qu’elle guerre ?

LE MEDECIN. Qui sait ? Personne ne comprend. Les frères tirent sur leurs frères et les pères sur leurs pères. Une guerre. Mais qu’elle guerre ? Un jour 500 000 réfugiés sont arrivés de l’autre côté de la frontière. Ils ont dit : « On nous a chassés de nos terres, laissez nous vivre à vos côtés. » Des gens ici ont dit oui, des gens ici ont dit non, des gens ici ont fui. Des millions de destins. Et on ne sait plus qui tire sur qui ni pourquoi. C’est la guerre.

---

Hermile Lebel ouvre la troisième enveloppe destinée aux jumeaux.

Simon ouvre l’enveloppe.

 

NAWAL.

Simon,

Est ce que tu pleures ?

Si tu pleures ne sèche pas tes larmes.

Car je ne sèche pas les miennes.

L’enfance est un couteau planté dans la gorge

Et tu as su le retirer.

A présent, il faut réapprendre à avaler sa salive.

C’est un geste parfois très courageux.

Avaler sa salive.

A présent, il faut reconstruire l’histoire.

L’histoire est en miettes.

Doucement

Consoler chaque morceau.

Doucement

Guérir chaque souvenir.

Doucement

Bercer chaque image.

 

Jeanne,

Est ce que tu souris ?

Si tu souris ne retiens pas ton rire

Car je ne retiens pas le mien.

C’est le rire de la colère

Celui des femmes marchant côte à côte.

Je t’aurais appelée Sawda

Mais ce prénom encore dans son épellation

Dans chacune de ses lettres

Est une blessure béante au fond de mon cœur.

Souris, Jeanne, souris.

Notre famille,

Les femmes de notre famille, nous sommes engluées dans la colère.

J’ai été en colère contre ma mère

Tout comme tu es en colère contre moi

Et tout comme ma mère fut en colère contre sa mère.

Il faut casser le fil,

Jeanne, Simon,

Où commence votre histoire ?

A votre naissance ?

Alors elle commence dans l’horreur.

A la naissance de votre père ?

Alors c’est une grande histoire d’amour.

Mais en remontant plus loin

Peut être que l’on découvrira que cette histoire d’amour prend sa source dans le sang, le viol,

Et qu’à son tour,

Le sanguinaire et le violeur

Tient son origine dans l’amour.

Alors,

Lorsque l’on vous demandera votre histoire,

Dites que votre histoire, son origine,

Remonte au jour où une jeune fille

Revint à son village natal pour y graver le nom de sa grand mère Nazira sur sa tombe.

Là commence l’histoire.

Jeanne, Simon,

Pourquoi ne pas vous avoir parlé ?

Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être découvertes.

Vous avez ouvert l’enveloppe, vous avez brisé le silence

Gravez mon nom sur la pierre

Et posez la pierre sur ma tombe.

Votre mère.

 

10 septembre 2011

Because The Night

take me now baby here as I am
pull me close, try and understand
desire is hunger is the fire I breathe
love is a banquet on which we feed

come on now try and understand
the way I feel when I'm in your hands
take my hand come undercover
they can't hurt you now,
can't hurt you now, can't hurt you now
because the night belongs to lovers
because the night belongs to lust
because the night belongs to lovers
because the night belongs to us

have I doubt when I'm alone
love is a ring, the telephone
love is an angel disguised as lust
here in our bed until the morning comes
come on now try and understand
the way I feel under your command
take my hand as the sun descends
they can't touch you now,
can't touch you now, can't touch you now
because the night belongs to lovers

with love we sleep
with doubt the vicious circle
turn and burns
without you I cannot live
forgive, the yearning burning
I believe it's time, too real to feel
so touch me now, touch me now, touch me now
because the night belongs to lovers

because tonight there are two lovers
if we believe in the night we trust
because tonight there are two lovers

(Patti Smith, "Because The Night")
10 septembre 2011

Loving Frank

---

28 octobre 1910

Ellen parle de mener une "existnce terriblement raisonnable". Elle dit que la loi morale n'est pas gravée dans la pierre mais dans la chair et dans le sang. En l'espace d'une année, j'ai quitté Oak Park pour Boulder, New York, Berlin, Paris, Leipzig, Florence, et me voici de retour à Berlin. Je suis fatiguée. Je n'ai pas envie de m'ériger en modèle de vérité.

Mamah mit son journal intime de côté et s'apprêta à sortir.

---

-Frank.

Elle hésita.

...Quelle est ton année de naissance ?

-Ah, Mamah !

Frank se laissa aller contre le dossier de sa chaise et leva les mains comme pour se rendre.

...1867.

-Tu m'avais dit que tu étais né la même année que moi, en 1869.

-Et voilà, fit-il.

-Comment cela, "et voilà" ?

-J'étais amoureux. Que veux tu que je te dise ? Cela venait du coeur. Notre rencontre relevait un peu du miracle pour moi. Je le pense toujours. Cela ne m'a pas semblé être si gros...

-Mensonge ?

-Cela m'est venu tout naturellement. Je ne l'avais pas prémédité et tu semblais si heureuse. Je me suis dit que, même si ce n'était pas vrai, ça aurait dû l'être.

Drôle de mystification ! songea Mamah quand elle se retrouva seule. Tricher sur un détail aussi insignifiant. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle le surprenait à mentir ou à déformer la vérité. Il romançait la réalité. Il ne savait pas résister au plaisir de camper ses clients en preux chevaliers et nobles héroïnes de ses légendes arthuriennes. Aujourd'hui, dans la cour, il était Merlin l'Enchanteur dont la magie éblouissait ses ouvriers. Il adorait présenter les choses sous un aspect dramatique. Cela rendait la vie tellement plus intéressante !

Il n'était pas facile d'en vouloir à Frank Wright. Mamah devrait trouver un moyen de lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de tout exagérer. Il était déjà bien assez extraordinaire.

---

-Tu veux bien me parler ?

Frank était debout près du fauteuil où elle s'était assoupie.

(...)

-Depuis quand es tu ici ?

-Je viens d'entrer.

D'un regard, elle lui indiqua une chaise qu'il approcha pour s'asseoir en face d'elle.

-Je n'en ai pas pour longtemps ; je sais que tu es venue ici pour être seule. J'avais juste une chose à te dire.

Sous ses paupières tombantes, les yeux de Frank étaient plein de larmes. Elle hocha la tête.

-Je n'ai jamais été un ami fiable, pour personne. Je ne sais pas comment on fait. J'ai une déficience dans ce domaine. J'ai toujours cru pouvoir prendre ce que je voulais parce que je le méritais. Je considérais cela comme ma récompense.

Il baissa la tête et, pendant quelques instants, il appuya son pouce et son index que ses paupières closes.

...Pour tout le travail que j'avais fourni, pour ce que j'avais donné au monde. Et la vie a mis des personnes bonnes et indulgentes sur ma route, des gens qui m'ont pardonné mes erreurs et m'ont soutenu au lieu de me laisser faire la culbute quand il le fallait. C'est mon talent, vois-tu, qui pousse les gens à se montrer compréhensifs.

Il souris tristement.

...Je le sais bien. Contrairement à ce que tu penses, ma conscience me hante. Certaines nuits, en pensant à tout le mal que j'ai fait, je n'arrive pas à dormir.

Il secoua la tête.

...Je regrette tout cela. Je suis désolé d'avoir trahi ton amitié. Surtout la tienne.

Mamah le regarda, impassible. Comme elle ne réagissait pas, il se leva.

-Je vais essayer de mettre un peu d'ordre dans cette pagaille qui me tient lieu d'âme. Je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me revoir. Je ne peux pas te dire à quel point je regrette de t'avoir poussée à cette extrémité.

---

(Nancy Horan, "Loving Frank")

(merci Prune B.)

 

 

 

25 septembre 2011

parfois un visage reste

"Les films passent, parfois un visage reste. Jean Seberg était entrée dans notre vie avec l'air de ne pas s'en soucier, un beau jour sur les Champs Elysées, à vendre le Herald à la criée... Heureusement que Godard passait par là pour l'expédier sans retour dans nos mémoires. Ce n'est que beacuoup plus tard que nous avons compris que sa beauté si idéalement enfantine brûlait des mêmes flammes, qu'elle voilait les mêmes peurs où nous aussi risquions de nous perdre. Au bout de la course où Jean s'était jetée à vau l'âme, une banquette de voiture, un tube de barbituriques et, dix jours durant, son corps mort frolé par les passants aveugles de l'autre côté de la vitre. Depuis samedi, le monde est un peu plus laid..."

(Libération, lundi 10 septembre 1979)

(merci Pascale G.)

24 novembre 2011

Der Himmel über Berlin / 24.11.2011

U7 Rathaus Neukölln. J'entre sous terre sans barrière. Respect et Liberté, ainsi commence ma journée.

Heute treffe ich Olivier, Ann-Christin und Matthieu.

Mes rencontres sont simples, même si le futur que nous envisageons ensemble n'est pas nécessairement simple. Il ne sera ni simple ni compliqué, il sera.

Le soleil se lève du brouillard qui règnait depuis hier.

Je suis calme.

Beaucoup (trop) d'images aujourd'hui, mais je crois que j'ai besoin de beaucoup ces jours ci. Je me reconnais bien là.

C/O propose une dure vision du monde en cette fin 2011. The Uncanny Familiar . Images of Terror. A qui le dites vous...

J'ai toujours autant envie d'acheter des livres de photographie, mais je pense à mon vol Easyjet de mardi.

Fotoautomat. Thinking of last April. When the light is on, I am smiling to you: P, A, A, J, J, J.

Ich trinke Schwarz und Grün Tee.

Je crois que mon nouveau métier sera : travailleuse indépendante. Ah, ce n'est pas un métier... Alors, je vous en dirai plus quand j'en saurai plus.

J'aimerai que la journée contienne plus d'heures pour pouvoir marcher plus.

J'aime l'idée que ce qui m'entoure est grand.

Je n'ai toujours pas mangé de Curry Wurst.

Demain, peut être.

 (EG)

25 novembre 2011

Der Himmel über Berlin / 25.11.2011

Le Grand Bleu. Par la fenêtre.

Cinnamon rolls pour commencer. Cannelle = Zimt. A retenir pour la suite !

Marcher dans les contre allées.

Aujourd'hui, je remonte vers le nord. Prenzlauerberg et ses souvenirs.

De nouvelles clés dans mon sac, je monte un nouvel escalier, je vis toujours au 1er.

Bow window. Schonauser Allee. La ligne rouge comme ligne d'horizon. Inspirante.

Mittagessen : la meilleure soupe à la tomate de ma vie (comme quoi il m'en faut peu) et une crémeuse tarte aux courgettes. Total 7 euros. Le décor réunit le salon de Mamie et l'atelier de Papi. J'aime.

Je me dirige vers l'ouest. Au rdc et au 1er, Helmut Newton m'a écoeuré. La femme comme objet de beauté et de sexualité. Et après ? ... Je passe mon chemin.

Au 2ème étage, c'est la jeune photographie allemande qui m'a interpellée.

J'aimerai visiter le zoo de Berlin qui n'est pas loin. Un jour prochain.

Là tout de suite il fait nuit et je ne sais pas encore de quoi sera faite la nuit.

J'ai oublié de dire que la vie sent le sapin ici. Couronnes de conifères à tous les coins de rues. Pas sûre de pouvoir résister à l'envie d'en rapporter une pour m'accompagner jusqu'à Noël.

(EG)

 

27 novembre 2011

Der Himmel über Berlin / 27.11.2011

Gris et froid. Je marche encore... vers un beau et bon petit déjeuner.

La librairie Do You Read Me est une pause de chaleur et de découvertes. Passage par la caisse, je n'ai pas pu résister.

Les rues sont familières, les actes plus naturels.

Passage par la salle de bal, mais pas de pas de danse.

Aujourd'hui nous allons à la rencontre de Christian Boros : une collection d'oeuvres qui nous parlent de l'espace, un bâtiment qui nous parle du temps qui a passe. Un lieu, une ville et son histoire (qu'elle histoire !).

"Zeittraum"

... Zeit / Raum / Traüm ... temps / espace / rêve ...

Autant dire que cela fait sens.

Berlin by car / Berlin by night. Unter Den Linden VS Les Champs Elysées. Je n'ai pas hâte de rentrer.

Heiss Schokolade. Miam Miam. Et on se croirait à nouveau chez Papi et Mamie. J'aime.

J'entre au 32, je monte au 4ème. Belle rencontre, humaine et spatiale.

D'ici je regarde la rue et je pense toujours à "Fenêtre sur cour". Je me dis que je vivrai bien avec Eva et que mon nom a peut être bien des raisons d'être là.

Une bière pour entamer la soirée. Et papoter papoter.

Pas de cinéma japonais pour cette fois, mais un burger dont je me souviendrais.

La ligne rouge me ramène vers le nord.

Hibiscus & Sweet Dreams.

(EG)

 

26 décembre 2011

L'Art

"Et aujourd'hui, où la réalité même se fait poésie, où se déroule sous nos yeux la lutte des puissantes Natures pour l'enjeu décisif, où l'on se bat pour les grandes causes de l'humanité, pour la domination, pour la liberté - ajourd'hui l'art, sur sa scène d'ombres, a le droit lui aussi de tenter un vol plus haut, oui, il doit le faire s'il ne veut pas avoir honte devant la scène de la Vie."

(Schiller, 1798)

30 décembre 2011

(EG) sur un bout de papier il y a x années

un brin malin

un brin taquin

et pourquoi donc

est-il si loin

pas grand chose

un chapitre

romanesque

certainement

boy next door

yes why not

yes we can

eyes opened

mais voilà

le quart de siècle

toujours là

pas bien loin

et pourtant

du chemin

reste la suite

un binome

à inventer

une main

à serrer

à étreindre

étreinte

d'un soir

d'un jour

du lendemain

du surlendemain

peu importe

quoi que

là tout de suite

une nouvelle strate

une nouvelle ligne

de coeur

pour l'histoire

pas la grande

mais la sienne

peut être

la mienne

en tous cas

dans ses bras

un jour viendra

patience

impatience

try again

once again

and we will see

that day

.

(EG)

 

12 janvier 2012

BRISAS - Voz Off


...respira...
y siente el agua que limpia todo ...respira...
y siente las brisas, las brisas que te cruzan...

SAN DIEGO

aveces la vida se paraliza y se convierte en un minuto eterno, pero es así...

los días transcurren escuálidos a nuestro lado,
y solo a veces estiramos la mano para agarrar los momento

que vienen...

CAMINA

Dicen que los barcos navegaron hasta el horizonte, dicen que los lanzaron de los helicópteros amarrados a rieles de

trenes, para que no vieran nunca mas la luz... los moluscos se los comieron...

el mar lleva la tristeza de un lugar como este,
los marineros dicen que los mariscos llevan el alma de los

que desaparecieron.

La ciudades son como las personas, tiene algo en su personalidad que no nos deja olvidar, las personas y las ciudades pueden estar cargadas de recuerdos...

Recuerdo el mantel blanco de la casa de mi madre, el arroz con huevo, los aviones, las bombas, los gritos, la ternura

de las manos que me protegían, los golpes, tus ojos, la leche caliente...

En este lugar se siente algo en el aire que no deja respirar con calma, esta ciudad esta contaminada, pero no es el aire, se siente en el alma, todo se ve gris, la gente está gris. ¿quedó gris? o siempre fue gris?

El hombre que sufre, el hombre cansado, el hombre libre que camina por las grandes alamedas...

respira.... respira....

Sanarse tiene su tiempo, Sanar tiene su tiempo, los edificios, los aviones, el color gris, la música, la noche, las cacerolas, el corte de luz, las hojas que caen del cielo, los rostros que nunca mas volví a ver...
La historia, la memoria, el agua todo lo limpia, los autos

quemados... mi mamá...

el viento que acaricia las hojas, los colores del cielo, el frío del mar, el miedo a morir... la casa en la playa, el domingo y el vino blanco, los perros corriendo, los lugares

que extrañamos,
la historia es nuestra...

la historia es mía...

ENTRADA PLAZA CIUDADANIA

Correr por un lugar prohibido, entrar por la puerta de atrás, andar en bicicleta sin manos, las sirenas de la noche, el avión que pasaba por mi casa

El sol que se junta con el mar en algún sitio, ¿donde va toda esta agua?

¿dónde va toda esta agua?

La brisa del viento que cruza mi rostro, que cruza tu rostro.
la bala en la cabeza, la sangre pegada en el techo...

CRUZA MONEDA (camina - entra)

¿como tratar de atrapar lo invisible?, lo ido, lo que estuvo, lo que no aparece, lo que era, lo inaprehendible.

¿Es posible mirar el pasado?... ¿Cómo nos encontramos con lo que fuimos?..

¿Qué significa todo lo anterior? ¿Cómo comenzó todo esto?

¿Cómo terminó?

La memoria no olvida nada.
El horizonte que se ve al fondo. la luz del pasillo que guía el camino.

La historia cargada de rostros sin voz, la bella ciudad gris, la pura y contaminada brisa del viento ¿será por eso que no se puede volver atrás?

 

¿Es la historia de un lugar la que no deja dormir tranquilo a nadie?

miles de brisas te cruzan, miles de imágenes rotas sin piedad se hunden en el mar, miles de imágenes se pierden mas allá de las palabras...

PLAZA CONSTITUCIÓN – LLUVIA

Trato de imaginarte...
en algún lugar, en cualquier ciudad, en el fondo da lo mismo...

trato de imaginarte...
exaltado de felicidad, acabado de tristeza,

tal vez por eso imagino, Respira

Respira y siente el agua que limpia todo... ¿es este el lugar que imaginas? Respira
Respira

Respira

Y siente el agua, el agua fría El agua...

El agua que limpia todo... ...y respira...

¿Es esta la historia?

FIN


(Ceci est le texte de la voix off du film "Brisas" de Enrique Ramirez. Ce film court est visible - sous titré en anglais - sur le site de l'artiste : www.enriqueramirez.net)

6 février 2012

Berlin in the eighties

"Just in time I got to know Berlin in its last days. And it was this milieu which captivated me. The blend of art, subculture, workers, refugees and dreamers gave the city an unexpected magic. Life was not under anyone's control. It was like water making its on way. I found the official histories were something abstract. My experiences in the streets of Berlin were living history. The spirit of Berlin is like its soil, hard and ossified. Whereby the fractures of the city  do its nature justice most accurately. Here surviving means starting from scratch. Just as day drifts into night, there are cycles vibrating in this city, controlling it. In Berlin, nothing lasts long. Sooner than normal, everything vanishes without trace."

(Gundula Schulze Eldowy, 1980's)

11 octobre 2012

(avec un petit pincement au coeur, parce qu'on a le droit)

et si je ne dormais pas ?

et si au lieu de m'offrir à mes rêves

je me goinfrais de mes souvenirs ?

ils m'empliraient de nostalgie

il y a des jours comme ça, on se l'avoue

je les cherche, je les assume, je les archive

avec un petit pincement au coeur,

parce qu'on a le droit

là bas derrière

et puis devant

tout en même temps

alors que je grille encore des feux rouges

Richtung je ne sais quoi

je me tourne vers les accidents passés

et comtemple leur beauté

A, B, C

avancer

.

(EG)

 

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