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20 février 2012

Wolkenstudien #1

Comparaison entre les nomenclatures de nuages des spécialistes.

Pour se faire une idée plus claire des différentes formes de nuages, et des noms divers qu'on leur donne, il semble souhaitable de noter ensemble tous les systèmes de nomenclatures (...), afin que les noms désignant les mêmes nuages apparaissent sur une même ligne. C'est là une entreprise ardue, et qui peut fortement varier en fonction des rédacteurs. Il n'est pas toujours facile de comprendre précisément la forme du nuage décrit par un auteur, et on risque de donner à un nuage un nom au sens un peu plus vaste ou plus étroitement limité que souhaité.

(Henry Helm Clayton, 1896)

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23 février 2012

Die erste Schlaflosigkeit

La première insomnie

 

Il faut du temps qui passe

on le sait

et de l'eau sous les ponts

c'est bien dit

pour l'évacuation des démons

 

Les yeux secs

prennent le risque

encore

de se mouiller

c'est autorisé

 

Le "nous" est remplacé par le "vous"

qui se traduit par "ihr"

et se décline en "euch"

 

Ce qui commence par un A prend fin

enfin

Ce qui commence par un B prend forme

je crois bien

 

Logique alphabétique

vous me direz

pour autant

pas si innée

 

Encore besoin ?

Aucune envie ?

De rejouer ce film

de l'automne à l'été

 

Acteurs

aux lourds coeurs

 

Funambules

amateurs

 

Scenari

passés

 

Lignes de vie

brodées

...

sur une ligne de TGV

ensoleillée

 

(EG)

27 février 2012

Images (à suivre)

« Filmer, c’est construire le chemin des regards en parcourant l’espace des routes et des rues que les humains dévalent en courant derrière l’objet transitoire de leur désir et en échappant à l’objet de leur terreur. C’est souvent le même. »

(Marie-José Mondzain, "Images (à suivre), De la poursuite au cinéma et ailleurs")

12 février 2011

lumineusement

"Pour moi, à moins d'être artiste, poète, savant ou à la rigueur, champion de quelque chose, la vie n'as aucun sens. Les années redoublent alors d'intensité, se multiplient et prennent un goût fruité. Le temps a beau passer, puis cesser de passer, enfin être passé, les souvenirs anciens demeurent précieusement, merveilleusement, lumineusement présents."

(Andrée Chedid, "L'Etoffe de l'univers")

12 février 2011

Big City Girl

"J'ai aimé les cités. Je ne pourrais me passer d'être foncièrement urbaine. Je m'attache aux pulsations des villes, à leur existence mouvementée. Je respire dans leurs espace verts. Elles retentissent dans mes veines et Paris comme Le Caire me collent à la peau."

(Andrée Chedid, "L'Etoffe de l'univers")

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6 octobre 2015

porte-bagage

Normalement, c’est interdit. C’est risqué près de l’eau. Ce serait dommage de vous casser quelque chose. Normalement, le porte-bagage est fait pour porter des bagages un jour comme ça, où vous devriez rentrer chez votre mère, lui rapporter son courrier, je sais pas, un jour, il vous faudrait revenir des courses un peu chargé, mais le porte-bagage n’est pas calibré pour qu’on y pose des fesses ou un cœur aussi rempli d’oxygène.

Normalement, à cette heure-ci de la nuit, on n’éclate pas de rire sans retenue, le rire ça résonne et les voisins, juste au-dessus du fleuve, ça risquerait de leur faire une drôle d’impression autant d’amour projeté.

Normalement, passé un certain âge, on ne se prête pas à de pareilles courses déjantées, les pavés sont glissants et on peut se blesser.

Il faudrait voir ce qu’en dit la police, mais ce sourire, là, si large, envahissant, bientôt ça leur monterait derrière les oreilles, ça chatouillerait le haut du crâne, ce genre de sourire, vous lui donnez un peu, il vous prend en entier, il vous demander le bras, c’est loin du légal.

En résumé, une femme pédale près du fleuve, il est quatre heures du matin, passées, sur le porte-bagage à l’arrière, un homme a dénoué sa cravate, ses souliers et ses lacets d’estomac.

Ils sont heureux comme ils rient comme on patauge gauchement. Ils chantent parfois pour les mouettes qui siestent pas loin. Si rien de cela n’est autorisé, faut tout changer.

("27 avril 2012" dans "POLAROIDS" par Marie Richeux, Sabine Wespieser Editeur, octobre 2013)

2 novembre 2011

Obstacles

Let's say sunshine for everyone
But as far as I can remember
We've been migratory animals
Living under changing weather

Someday we will foresee obstacles
Through the blizzard, through the blizzard
Today we will sell our uniform
Live together, live together

Blizzard
Blizzard
Blizzard

We played hide and seek in waterfalls
We were younger, we were younger.
We played hide and seek in waterfalls
We were younger, we were younger.

Someday we will foresee obstacles
Through the blizzard, through the blizzard.

("Obstacles", Syd Matters")
22 décembre 2011

Camille - Pleasure

I want to feel pleasure as much as I feel pain,
I want to feel pain as if it was a leisure,
If you wanna feel the strain,
I keep as a treasure,
The rain rain, let the rain

Il suffit de, deux doigts à peine,
Pour faire un vœux
Mieux que silex au creux de l'aine

I want to feel pleasure as much as I feel pain,
I want to feel pain as if it was a leisure,
If you wanna feel the strain,
I keep as a treasure,
The rain rain, let the rain

Je suis si peu électricienne,
Un fruit juteux,
Et je jouis à l'ancienne

I want to feel pleasure as much as I feel pain,
I want to feel pain as if it was a leisure,
If you wanna feel the strain,
I keep as a treasure,
The rain rain, let the rain

Un petit jeu, à la Fontaine,
Sans amoureux,
Je suis la reine de ces lieux.

I want to feel pleasure as much as I feel pain,
I want to feel pain as if it was a leisure,
If you wanna feel the strain,
I keep as a treasure,
The rain rain, let the rain

("Pleasure", Camille, album "Ilo Veyou", 2011)
30 décembre 2011

Je compte les étoiles de mes mots

extraits

-

"Les jours ont une pousse
qui ne meure point
L'un naît, l'autre passe
au gré des saisons
Mon coeur est sévère
et ne s'arrête en chemin

Viens dans mon nid
où la nuit fleurit"

-

"Dans la soyeuse
verdure de mai
d'une nuit de printemps
je vis
le jour
me raconta
ma mère

Le printemps est
mon alphabet préféré"

-

"Je renonce
Au brillant

Il ne m'a
pas consolée
lorsque tu
m'as quittée"

-

"Je suis le sable
du sablier
et je m'écoule
dans la vallée du temps
qui m'étreint"

-

"Qui suis-je
quand les nuages pleurent :
un hôte étranger
sur une plage étrangère
j'attends
que le soleil m'aime
à nouveau
avec sa raison dorée"

-

"D'un sommeil toride
je me suis réveillée

Je compte les étoiles
de mes mots
et me consacre
à la nuit"

 

("Je compte les étoiles de mes mots", recueil de poèmes de Rose Ausländer)

21 avril 2012

Berlin sous la Baltique

(...)

Berlin, c'est grand. Il n'est pas trop tard. On peut encore tout arrêter et repartir à zéro.

(...)

Berlin a été construite sur le sable. Au sens biblique, on aurait pu mieux choisir. Il fut un temps où Berlin était entièrement recouverte par la mer. L'Atlantide à l'envers, si on veut. C'est la première chose qu'on vous raconte à l'arrivée. On vous dit ça comme si les eaux venaient tout juste de se retirer, alors qu'en fait ça remonte à des millions d'années. Et pourtant, chaque fois qu'on rencontre un chantier, on se croirait au bord de la mer, car partout on tombe sur du sable.

(...)

Peut être qu'à Berlin, les gens entretiennent dans leur subconscient l'idée que la ville a un bail avec la mer. Qu'un jour un raz de marée viendra reprendre possession des fonds marins et que les Berlinois se retrouveront à nouveau sous la Baltique.

(...)

Les gens se déclarent affamés. Fatigués. Esseulés. Incompris. Amoureux. Désirables. Vieux. Nouveaux venus. Propres. Les hommes sont déclarés amants, amis, maris ou pères. Personne n'échappe à la nomenclature ; tout doit avoir un titre. Parce que la nomenclature réduit les risques de méprise. Parce que ici, dire clairement ce qu'on veut et ce qu'on est est un mode de vie.

(...)

On ne peut plus dire de Berlin qu'elle est la capitale de l'Allemagne. Même si certains tiennent encore à l'appeler ainsi. Berlin est une ville en Allemagne de l'Est. La partie dont on parle toujours s'appelle Berlin-Ouest. Berlin-Ouest est une île. Ce qui tend à montrer combien les choses dégénèrent ; combien un titre est provisoire.
On pourrait dire de la réunification de l'Allemagne que c'est une vieille rengaine.

(...)

Qu'est ce qui vous a amenée à Berlin ? lu iais-je demandé brusquement. Voilà Helen forcée à faire une déclaration d'intention.
C'est une longue histoire, a t-elle dit.
Eh bien, on n'est pas pressé, ai-je répondu avec un sourire en baissant les yeux.

(...)

J'ai brisé un des petits pains blancs comme si je m'appliquais à rompre l'échine d'un petit animal. Helen attendait que je commence, et après elle faisait comme moi. Je mange sans bien mâcher. On pourrait me traiter de vorace. Helen, elle, mâchait d'un air pensif, comme si ça l'aidait à se souvenir. Ele mange lentement. On peut déclarer le petit déjeuner chose intime. Et quand on mange ensemble le matin on a l'air d'avoir dormi ensemble.

(...)

On n'arrange pas forcément les choses en les éclairant, il y a lumière et lumière. Si on braquait une torche électrique sur le mur de Berlin sous les feux des projecteurs, est ce qu'il en serait mieux éclairé - est ce qu'un verre d'eau augmenterait le volume des mers ? Ou bien la lumière donne t-elle un double des choses ?

(...)

L'éclairage, par ailleurs, est très discret. Car souvent les choses périssent à la lumière. La lumière fait périr l'imagination. Le jour est meurtrier.

(...)

Elle a pris une douche et elle est retournée se coucher. Je lui ai apporté du thé. Elle ne supportait pas la vue de la nourriture. Tout ce qu'elle voulait, c'était revivre le passé. Elle m'a attiré près d'elle. Quand on refait une chose, c'est pour croire à ce qu'on voit.

(...)

Pour la première fois, j'avais besoin de savoir pourquoi elle pleurait. Pourquoi elle était inquiète. Pourquoi elle se sentait seule. (...) Pour la première fois, j'avais besoin de savoir ce qui se passait dans sa tête d'un instant à l'autre. Pour la première fois, j'avais besoin de la voir sourire.

(...)

Le trajet entre la station de Neuköln et l'appartement de Sonnenallee paraît interminable. J'ai l'impression d'avancer à pas de tortue à côté d'Helen. A marcher si lentement, nous avons l'air d'un couple de vieux qui s'en reviennent d'écouter la fanfare au jardin public. C'est une allure exaspérante. Je pourrais faire au moins vingt fois l'aller-retour de la station à l'appartement pendant le temps que nous mettons pour rentrer. Helen est fatiguée après cette journée à la chaleur. Elle a ralenti le pas et marche à une allure nonchalente avec mon bras pour soutien. Elle a un coup de soleil sur le nez. Elle me donne envie de courir. De danser autour d'elle dans la rue de toute mon énergie. Elle s'agrippe à mon bras et elle lève les yeux vers moi.

(...)

Une fois tous les deux mois, la ville de Berlin retourne ses poches. (...) Des objets dont l'attrait et la commodité n'ont pas résisté aux forces du changement ni à celles d'un bien-être toujours accru. Des objets qui ne cessent de se dévaloriser, abîmés par trop de familiarité, dépassés par la mode. Tout cela est lié au désir, à la loi selon laquelle un désir en chasse un autre. Au renouvellement constant du cadre de vie personnel.

(...)

On aurait pu tenir des propos sur les nappes blanches. Sur la transparence du verre. On aurait pu faire des discours sur la victoire. La Wurst. L'agilité. La natalité en Allemagne. On aurait dû parler de la chronologie de la chance.

(...)

L'objet qui est censé graver pour la postérité, qui est censé fixer le présent, a, en réalité, l'effet inverse. La photo tue. Le procédé qui est censé éterniser une chose sur papier n'est en réalité qu'une façon de dire au revoir. Les photos démantèlent la réalité. La photo est un adieu.

(...)

En Allemagne, tant qu'on ne parle de rien, on ne veut pas voir. Quinconque ne figure pas sur les registres existe à peine. Quinconque est dépourvu de sentiments n'est pas vivant. C'est comme les opinions non exprimées. Les cartes postales non expédiées.

(...)

En ce premier instant qui fait suite à une si longue absence, tout est possible. Les choses auraient aussi bien pu aller dans un sens que dans l'autre. Ils auraient pu se regarder et décider de s'en tenir au souvenir plutôt que de renouer le fil du discours en pleine rue. Après une semblable absence, il faut tout réévaluer sur-le-champ.

(...)

Il ne lui restait plus qu'à aller faire une visite à sa propre mère. L'après-midi où il est allé la voir, c'est à peine si elle l'a reconnu. Les chiens aussi. Ils ont aboyé comme des fous. Il lui a dit qu'il repartait vivre à Dublin. Tout cela ne signifiait pas grand-chose pour une vieille dame comme elle. Elle était contente d'avoir son fils près d'elle un petit moment. Dieter était impatient et mal à l'aise. Maintenant qu'il avait fait l'effort de venir, il avait du mal à s'en aller. La voir lui faisait peur. Et quand il l'a quittée au bout d'une heure, elle n'a presque rien dit. Elle ne l'a pas supplié de revenir, comme il s'y attendait. Elle ne lui a pas demandé de rester. Les chiens se sont remis à aboyer.

(...)

("Berlin sous la Baltique", Hugo Hamilton)

(merci X)

11 octobre 2012

BALISES. Bientôt. Merci Piano Nobile et Mademoiselle Vuille.

Poser ses valises.

 

cela est arrivé

cela arrivera

encore

 

nos vies jalonnées

ici et là

de ci et ça

 

cheminer

suivant

évitant

cherchant

improvisant

 

voilà ce qui nous attend

 

c’est parfois avant

surtout après

que les points d’ancrage apparaissent

surgissent dans nos paysages intimes

 

traçant ce qui nous bâtit

ce qui nous relie

emmêlant nos envies

encerclant nos ennemis

 

s’adonner

sans s’habituer

à former

en chaque instant

les vides et les pleins

de nos espaces temps

 

(EG)

28 novembre 2009

Pina

Frau Bausch

tonight

MERCI

encore pour ces beaux rêves, ces images, ces sons, ces mélodies, dures, rudes, douces, berçantes, stimulantes, pénétrantes, envoûtantes.

Masurca Fogo

des flamands, des robes, des bises, des claques, des portés, des lâchés, un homme, une femme, des hommes, des femmes, de l'eau, un morse, du rire, courir, sauter, danser, répéter, s'amuser, et éclore...

On a tous envie d'éclore un jour.

(EG)

 

26 janvier 2011

Rien n'est plus fort que le rêve qui nous lie à jamais.

"Wilfrid, je te fais une promesse de chevalier :
Au-delà de nos catastrophes de coeurs,
Nous resterons fidèles l'un à l'autre.
Mon amitié pour toi est si grande
Que malgré toi
Je resterai ta force.
Ton amitié est si claire
Que tu n'as qu'à ouvrir la bouche
Pour que moi,
Pauvre rêve,
Je parte en voyage.
Wilfrid,
Rien n'est plus fort que le rêve qui nous lie à jamais."

‎(Wajdi Mouawad, Littoral)

26 janvier 2011

Transsibérien

"Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours
Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t'a nourrie, du Sacré Cœur contre lequel tu t'es blottie
Paris a disparu et son énorme flambée
Il n'y a plus que les cendres continues
La pluie qui tombe
La tourbe qui se gonfle
La Sibérie qui tourne
Les lourdes nappes de neige qui remontent
Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l'air bleui
Le train palpite au cœur des horizons plombés
Et ton chagrin ricane..."

(Blaise Cendrars, Pros du Transsibérien et de la petite Jeanne de France)

26 janvier 2011

Everybody was well dressed, and everybody was a mess.

Ten decisions shape your life,
you'll be aware of five above,
seven ways to go through school,
either you're noticed or left out,
seven ways to get ahead,
seven reasons to drop by,
when i said 'I can see me in your eyes',
you said 'I can see you in my bed',
that's not just friendship that's romance too,
you like music we can dance to,

Sit me down,
Shut me up,
i'll calm down,
and i'll get along with you,

There is a time when we all fail,
some people take it pretty well,
some take it all out on themselves,
some they just take it out on friends,
oh everybody plays the game,
and if you don't you're called insane,

Don't don't don't don't it's not safe no more,
i've got to see you one more time,
soon you were born,
in 1984,

Sit me down,
shut me up,
i'll calm down,
and i'll get along with you,

Everybody was well dressed,
and everybody was a mess,
6 things without fail you must do,
so that your woman loves just you,
oh all the girls played mental games,
and all the guys were dressed the same,

Why not try it all,
if you only remember it once,
...........

Sit me down,
shut me up,
I'll calm down,
and I'll get along with you.

(The Strokes, "I’ll Try Anything Once")

26 janvier 2011

amouritié

"LE PERE JEUNE:
Jeanne, je suis venu te voir au milieu du vent de la mer, pour te demander de m'épouser. Je t'aime, ne dis rien ! Je suis fou parce que je suis là avec toi, face à la mer, pour te dire mon amour, mon amitié, pour te dire mon amouritié. Ne réponds pas, ne dis rien."

(Wajdi Mouawad, Littoral)

26 janvier 2011

Être

"LE PÈRE:
(...)
Wilfrid,
Il n'y a pas si longtemps,
Il m'arrivait de me lever, de sortir dans la rue d'un pas léger avec l'idée de marcher jusqu'à la mer.
Comme le souvenir d'un geste simple devient douloureux.
Mettre son chapeau sur sa tête.
Frotter ses mains l'une contre l'autre dans le but de les réchauffer.
Entrer comme un coup de vent dans un bistrot bondé et commander un café en faisant semblant qu'on est préoccupé par des affaires mystérieuses.
Marcher dans la rue.
Rencontrer une femme.
Se quitter sur le quai d'une gare.
Et se retrouver seul sur le pont d'un bateau.
Lier conversation avec un inconnu.
Parler du temps qu'il fait.
Être irresponsable.
Être oisif.
Dormir jusqu'à midi.
Ne pas savoir comment on va faire pour payer son loyer.
Préparer un repas avec des amis.
Gueuler contre les policiers,
Avoir faim
Avoir soif
Avoir un enfant
Rester calme
Rester seul
Et rêver
Rêver
Être."

(Wajdi Mouawad, Littoral)

26 janvier 2011

Un Homme et Une Femme

"C'est beau quand même d'envoyer un télégramme comme ça, il faut avoir du culot. C'est vrai non ? C'est extraordinaire qu'une femme belle, vous envoie un télégramme comme ça, c'est merveilleux. Moi jamais j'aurais fait un truc comme ça, c'est formidable de la part d'une femme, c'est formidable. Quel courage ! Bon si je tiens cette moyenne j'arrive à Paris vers 6 heure, 6 heure et demi. 6 heure, 6 heure et demi, elle va être couchée bien sûr. Qu'est ce que je fais, je vais dans un bistrot, je l'appelle d'un bistrot ? On peut aller chez elle, une femme qui vous écrit sur un télégramme : "je vous aime", on peut aller chez elle. Oh oui, je vais chez elle..."

(monologue de Jean-Louis Duroc, joué par Jean-Louis Trintignant, dans "Un Homme et Une Femme" de Claude Lelouch)

26 janvier 2011

Jeanne

"Elle avait des bagues à chaque doigt,
Des tas de bracelets autour des poignets,
Et puis elle chantait avec une voix
Qui sitôt m'enjôla

Elle avait des yeux, des yeux d'opale
Qui me fascinaient, qui me fascinaient,
Y avait l'ovale de son visage pâle
De femme fatale qui me fut fatal
De femme fatale qui me fut fatal

On s'est connus, on s'est reconnus,
On s'est perdus de vue, on s'est reperdus de vue
On s'est retrouvés, on s'est réchauffés
Puis on s'est séparés

Chacun pour soi est reparti
Dans le tourbillon de la vie
Je l'ai revue un soir, aïe, aïe, aïe !
Ça fait déjà un fameux bail
Ça fait déjà un fameux bail

Au son des banjos, je l'ai reconnu
Ce curieux sourire qui m'avait tant plu
Sa voix si fatale, son beau visage pâle
M'émurent plus que jamais

Je me suis soûlé en l'écoutant
L'alcool fait oublier le temps
Je me suis réveillé en sentant
Des baisers sur mon front brûlant
Des baisers sur mon front brûlant

On s'est connus, on s'est reconnus,
On s'est perdus de vue, on s'est reperdus de vue,
On s'est retrouvés, on s'est séparés
Puis on s'est réchauffés

Chacun pour soi est reparti
Dans le tourbillon de la vie
Je l'ai revue un soir ah la la
Elle est retombée dans mes bras
Elle est retombée dans mes bras

Quand on s'est connus,
Quand on s'est reconnus,
Pourquoi se perdre de vue,
Se reperdre de vue ?
Quand on s'est retrouvés,
Quand on s'est réchauffés,
Pourquoi se séparer ?

Alors tous deux, on est repartis
Dans le tourbillon de la vie
On a continué à tourner
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés"

("Le Tourbillon de la vie", chanté par Jeanne Moreau dans "Jules et Jim" de François Truffant)

26 janvier 2011

OSEZ

"A l'arrière des berlines
On devine
Des monarques et leurs figurines
Juste une paire de demi-dieux
Livrés à eux
Ils font des p'tits
Il font des envieux

A l'arrière des dauphines
Je suis le roi des scélérats
A qui sourit la vie

Marcher sur l'eau
Eviter les péages
Jamais souffrir
Juste faire hennir
Les chevaux du plaisir

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Usez vos souliers
Usez l'usurier
Soyez ma muse
Et que ne durent que les moments doux
Durent que les moments doux
Et que ne doux

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plsu rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Osez osez
Osez osez
Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

A l'arrière des berlines
On devine
Des monarques et leurs figurines
Juste une paire de demi-dieux
Livrés à eux
Ils font des p'tits
Il font des envieux

A l'arrière des dauphines
Je suis le roi des scélérats
A qui sourit la vie

Marcher sur l'eau
Eviter les péages
Jamais souffrir
Juste faire hennir
Les chevaux du plaisir

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Usez vos souliers
Usez l'usurier
Soyez ma muse
Et que ne durent que les moments doux
Durent que les moments doux
Et que ne doux

Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plsu rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie

Osez osez
Osez osez
Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie"

(Alain Bashung, Osez Joséphine)

27 janvier 2011

chambre noire

Hanter quelques manoirs
(inévitablement)

Ne pas avoir peur du noir
(naïvement)

Épouser ses espoirs
(amoureusement)

Ecouter sa mémoire
Il est temps
(jamais trop tard)

Vouloir

(tant et tant)

Voir
et
Savoir

(à chaque instant)

Se raconter des histoires

(soient-elles illusoires)
(soient-elles contradictoires)

Inviter ses pensées au laboratoire
et laisser (agrandisseur, révélateur et fixateur) agir dans la chambre noire.

(EG)

28 janvier 2011

Donner aux gens de l'espace

"Une plainte d'amour. Se souvenir, se mouvoir, se toucher. Adopter des attitudes. Se dévêtir, se faire face, déraper sur le corps de l'Autre. Chercher ce qui est perdu, la proximité. ...Ne savoir que faire pour se plaire. Courir vers les murs, s'y jeter, s'y heurter. S'effondrer et se relever. Reproduire ce qu'on a vu. S'en tenir à des modèles. Vouloir devenir un. Etre dépris. S'enlacer. He is gone. Avec les yeux fermés. Aller l'un vers l'autre. Se sentir. Danser. Vouloir blesser. Protéger. Mettre de côté les obstacles. Donner aux gens de l'espace. Aimer."

(Raimund Hoghe, "Café Müller" - Associations d'idées, dans le livre "Pina Bausch, Histoires du théâtre dansé")

28 janvier 2011

Put me in your blue skies

Put me in your suitcase
Let me help you pack
'Cause you're never coming back
No, you're never coming back

Cook me in your breakfast
And put me on your plate
'Cause you know I taste great
Yeah, you know I taste great

At the hop, it's greaseball heaven
With candy pants and Archie too

Put me in your dry dream
Or put me in your wet
If you haven't yet
No, if you haven't yet

Light me with your candle
And watch the flames grow high
No, it doesn't have to try
It doesn't have to try

Well, I won't stop all of my pretending
That you'll come home
You'll be coming home someday soon

Put me in your blue skies
Or put me in your grey
There's gotta be some way
There's gotta be some way

Put me in your tongue tie
Make it hard to say
That you ain't gonna stay
That you ain't gonna stay

Wrap me in your marrow
Stuff me in your bones
Sing a mending moan
A song to bring you home

(Devendra Banhart, "At The Hop")

30 janvier 2011

La Fleur aux dents

J'ai dépensé ma jeunesse comme une poignée de monnaie
J'ai fait un peu de tout, un peu partout, sans savoir rien faire
La fleur aux dents, c'était tout ce que j'avais
Mais je savais bien que toutes les femmes du monde m'attendaient

Il y a des filles dont on rêve
Et celles avec qui l'on dort
Il y a des filles qu'on regrette
Et celles qui laissent des remords
Il y a des filles que l'on aime
Et celles qu'on aurait pu aimer
Puis un jour il y a la femme
Qu'on attendait

J'ai connu des lits de camp bien plus doux qu'un oreiller
Et des festins de roi sur le zinc d'un buffet de gare
J'ai connu bien des gens, je les ai tous bien aimés
Mais dans leur visages au fond je n'ai rien fait que te chercher

Il y a des filles dont on rêve
Et celles avec qui l'on dort
Il y a des filles qu'on regrette
Et celles qui laissent des remords
Il y a des filles que l'on aime
Et celles qu'on aurait pu aimer
Puis un jour il y a la femme
Qu'on attendait

(Vincent Delerm, "La Fleur aux dents")

30 janvier 2011

Le cinéma

"Ce n'est pas vraiment une sortie, le cinéma. On est à peine avec les autres. Ce qui compte, c'est cette espèce de flottement ouaté que l'on éprouve en entrant dans la salle. Le film n'est pas commencé ; une lumière d'aquarium tamise les conversations feutrées. Tout est bombé, velouté, assourdi. La moquette sous les pieds, on dévale avec une fausse aisance vers un rang de fauteuils vide. On ne peut pas dire qu'on s'assoie, ni même qu'on se carre dans son siège. Il faut apprivoiser ce volume rebondi, mi-comptact, mi-moelleux. On se love à petits coups voluptueux. En même temps, le parallélisme, l'orientation vers l'écran mêlent l'adhésion collective au plaisir égoïste.
Le partage s'arrête là, ou presque. Que saura-t-on de ce géant désinvolte qui lit encore son journal, trois rangs devant ? Quelques rires peut-être, aux moments où l'on n'aura pas ri - ou pire encore : quelques silences aux moments où l'on aura ri soi-même. Au cinéma, on ne se découvre pas. On sort pour se cacher, pour se blotti, pour s'enfoncer. On est au fond de la piscine, et dans le bleu tout peut venir de cette fausse scène sans profondeur, abolie par l'écran. Aucune odeur, aucun coulis de vent dans cette salle penchée vers une attente plate, abstraite, dans ce volume conçu pour déifier une surface.
L'obscurité se fait, l'autel s'allume. On va flotter, poisson de l'air, oiseau de l'eau. Le cors va s'engourdir, et l'on devient campagne anglaise, avenue de New York ou pluie de Brest. On est la vie, la mort, l'amour, la guerre, noyé dans l'entonnoir d'un pinceau de lumière où la poussière danse. Quand le mot fin s'inscrit, on reste prostré, en apnée. Puis la lumière insupportable se rallume. Il faut se déplier alors dans le coton, et s'ébrouer vers la sortie en somnambule. Surtout ne pas laisser tomber tout de suite les mots qui vont casser, juger, noter. Sur la moquette vertigineuse, attendre patiemment que le géant au journal soit passé devant. Cosmonaute pataud, garder quelques secondes cette étrange apesanteur."

(Philippe Delerm, "La cinéma", dans "La première gorgée de bière - et autres plaisirs minuscules")

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