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30 décembre 2011

Je compte les étoiles de mes mots

extraits

-

"Les jours ont une pousse
qui ne meure point
L'un naît, l'autre passe
au gré des saisons
Mon coeur est sévère
et ne s'arrête en chemin

Viens dans mon nid
où la nuit fleurit"

-

"Dans la soyeuse
verdure de mai
d'une nuit de printemps
je vis
le jour
me raconta
ma mère

Le printemps est
mon alphabet préféré"

-

"Je renonce
Au brillant

Il ne m'a
pas consolée
lorsque tu
m'as quittée"

-

"Je suis le sable
du sablier
et je m'écoule
dans la vallée du temps
qui m'étreint"

-

"Qui suis-je
quand les nuages pleurent :
un hôte étranger
sur une plage étrangère
j'attends
que le soleil m'aime
à nouveau
avec sa raison dorée"

-

"D'un sommeil toride
je me suis réveillée

Je compte les étoiles
de mes mots
et me consacre
à la nuit"

 

("Je compte les étoiles de mes mots", recueil de poèmes de Rose Ausländer)

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26 décembre 2011

L'Art

"Et aujourd'hui, où la réalité même se fait poésie, où se déroule sous nos yeux la lutte des puissantes Natures pour l'enjeu décisif, où l'on se bat pour les grandes causes de l'humanité, pour la domination, pour la liberté - ajourd'hui l'art, sur sa scène d'ombres, a le droit lui aussi de tenter un vol plus haut, oui, il doit le faire s'il ne veut pas avoir honte devant la scène de la Vie."

(Schiller, 1798)

5 novembre 2011

DIANE A.

"J'essayais de donner des rêves à ma soeur quand nous dormions dans la même chambre. Je me penchais au-dessus d'elle, les cheveux derrière sa nuque étaient moites, bouclés, et je murmurais "éléphant, cascade, danse", mais cela n'a jamais marché." - Carte postale à Marvin Israel, 17 février 1960 (p.4)

"La photographie est vraiment une affaire de vol (...). Je me sens redevable envers chacun de mes sujets, qu'il se soit laissé prendre ou soit prêt à l'être." - Carte postale à Marvin Israel, avril 1960. (p.8)

"Je détestais la peinture et j'ai abandonné juste après le lycée parce qu'on me répétait que j'étais formidable (...) cela me mettait mal à l'aise. Je me souviens que je détestais l'odeur de la peinture et le bruit que faisait le pinceau au contact du papier. Parfois, je ne regardais pas vraiment mais j'écoutais cet affreux "squish squish squish". Je ne voulais pas qu'on me dise que j'étais formidable. J'avais le sentiment que si j'étais tellement formidable en peinture, ce n'étais pas la peine que j'en fasse." - Entretien radiophonique de 1968 avec Studs Terkel sur la crise de 1929. (p.8)

"Ce n'est pas moi qui appuie sur le déclencheur. C'est l'image qui le fait. C'est comme un coup très doux." - Carte postale à Marvin Israel, printemps 1960. (p.26) 

"(...) Je suis à Coney Island. Dans un magnifique hôtel que je te montrerai quand tu reviendras. C'est comme un manège dans un jardin ; jamais vu un endroit aussi magnifique. Ma chambre a la couleur d'une glace bleue. Hier soir, il y a eu une grosse tempête : d'abord, les vagues étaient claires et blanche, sauvages et brumeuses, et le vent était violent, si bien que tout s'envolait, battait des ailes, tournoyait, fuyait, et les quelques baigneurs qui étaient là sautaient et s'esclaffaient bêtement, leurs cheveux retombant comme des serpents sur leurs visages ; puis il s'est mis à pleuvoir à verse si bien que les rues ont été inondées. Je suis rentrée en pataugeant à mi-mollet dans une sorte de lac tourbillonnant chargé de détritus ; je faisais attention où je mettais les pieds en descendant du trottoir car c'était trop profond pour que l'on puisse voir quoi que ce soit. Aujourd'hui, le temps est magnifique. Fête bien le jour de l'Indépendance. Comment ça se passe ? Je veux dire, l'Indépendance." - Carte postale à Doon Arbus, à Camp Indian Hill, Stockbridge (Mass.), 4 juillet 1960. (p.29)

 "(...) J'ai passé une belle journée sur la 42e Rue, une journée grise qui a commencé par un peu de pluie ; et oh, comme la rue était merveilleuse ! Les gens clignaient des yeux, se donnaient des coups de coude, levaient les sourcils et se passaient les mains dans les cheveux ondulés, et j'ai vu un de tes aveugles qui voient et un hommme comme celui dont tu m'as parlé, avec le visage blême et ravagé qui-n'est-pas-là et un millier de conspirateurs isolés (...)." - Lettre à Marvin Israel, novembre 1960. (p.29)

"Je ne suis pas vraiment déçue. Je ne pouvais pas trop charger la barque. Les changements dans lesquels je me suis embarquée comme le déménagement et certaines choses nouvelles et étranges qui m'attendent, je pense, dans le domaine de la photo sont soit nécessaires soit passionnantes ; il faut que je fasse une chose à la fois (...). Je veux mettre de l'ordre et repartir à zéro." - Lettre à Peter Crookston, 19 décembre 1967. (p66)

"La convalescence est une chose assez extraordinaire (...). Pendant un moment c'est comme si je pouvais être un certain nombre de choses et que je ne supportais pas d'être simplement moi, mais maintenant, je suis contente de savoir à quel endroit je peux recommencer (...) une histoire, une certaine attitude, parce que je suis de retour dans la ville où il m'est difficile d'être aussi anonyme que je le pensais. Je redoute un peu le travail et parfois je fais semblant d'être un imposteur mais, la semaine dernière, j'ai mis mon appareil autour du cou ; je ne m'en suis pas servie mais j'étais contente de simplement le porter." - Lettre à Carlotta Marshall, fin août 1968. (p. 73)

"Je suppose que la liberté est angoissante. C'est ce que je veux mais quelque chose en moi essaie de me faire croire que je ne peux pas. Et il y a tant de choses à faire qu'il y a des moments où je m'arrête et où je regarde autour de moi, et tout paraît trop dur pour continuer. Ce n'est pas vrai évidemment. Mais c'est pourquoi les gens ont des emplois et paient des chèques (...) cela leur permet d'éluder des questions sans réponses." - Lettre à Carlotta Marshall, novembre 1969. (p.87)

"(...) Comment arrêter de penser si je fais ci il va arriver cela car parfois ça arrive, parfois pas, et j'ai dépensé beaucoup d'énergie à instaurer des contrôles magiques qui n'existaient pas." - Lettre à Carlotta Marshall, novembre 1970. (p.95)

"Pour annoncer son portfolio, elle prépare un dépliant qui comprend deux bandes-contacts des dix tirages de 24x36 mm, fixées à une feuille de papier comprenant le texte suivant, dactylographié : (...) il y a un portfolio de dix photographies par Diane Arbus, datées entre mil neuf cent soixante-deux et mil neuf cent soixante-dix, dans une édition de cinquante exemplaires, tirées, signées, numérotées, anotées par la photographe, en foirmat 40x50 cm dans une boîte presque invisible, qui sert aussi de cadre, conçue par Marvin Israel. En vente auprès de Diane Arbus, quatre cent soixante-trois West Street,New York City, pour mille dollars." 1970 (p.97)

"(...) C'était vraiment amusant car c'était un voyage purement sentimental et je savais que je n'avais rien à perdre et encore moins à gagner." - Lettre à Allan Arbus et Mariclare Costello, fin avril 1970. (p.105)

"J'avais l'habitude de penser que la conscience est en soi une vertu ; alors j'essayais de la garder entière dans ma tête dans un même moment, passé, futur, etc. J'essayais même de sentir le mal quand je me sentais bien et vice versa comme si toute absence de conscience était une sorte de péché  à la Marie-Antoinette. C'est comme jeter du lest par-dessus bord pour faire seulement ce qu'il faut faire MAINTENANT.  Une sorte de confiance qui plus tard apportera son propre maintenant (...). Cela rend le dimanche plus comme un dimanche, et même le lundi est mieux (...)." - Lettre à Allan Arbus et Mariclare Costello, 11 janvier 1971.

Diane Arbus se suicide fin juillet 1971.

 

(extraits de : "Diane Arbus, Une Chronologie, 1923-1971" par Elisabeth Sussman et Doon Arbus, Jeu de Paume & Editions de La Martinière)

25 septembre 2011

parfois un visage reste

"Les films passent, parfois un visage reste. Jean Seberg était entrée dans notre vie avec l'air de ne pas s'en soucier, un beau jour sur les Champs Elysées, à vendre le Herald à la criée... Heureusement que Godard passait par là pour l'expédier sans retour dans nos mémoires. Ce n'est que beacuoup plus tard que nous avons compris que sa beauté si idéalement enfantine brûlait des mêmes flammes, qu'elle voilait les mêmes peurs où nous aussi risquions de nous perdre. Au bout de la course où Jean s'était jetée à vau l'âme, une banquette de voiture, un tube de barbituriques et, dix jours durant, son corps mort frolé par les passants aveugles de l'autre côté de la vitre. Depuis samedi, le monde est un peu plus laid..."

(Libération, lundi 10 septembre 1979)

(merci Pascale G.)

10 septembre 2011

Loving Frank

---

28 octobre 1910

Ellen parle de mener une "existnce terriblement raisonnable". Elle dit que la loi morale n'est pas gravée dans la pierre mais dans la chair et dans le sang. En l'espace d'une année, j'ai quitté Oak Park pour Boulder, New York, Berlin, Paris, Leipzig, Florence, et me voici de retour à Berlin. Je suis fatiguée. Je n'ai pas envie de m'ériger en modèle de vérité.

Mamah mit son journal intime de côté et s'apprêta à sortir.

---

-Frank.

Elle hésita.

...Quelle est ton année de naissance ?

-Ah, Mamah !

Frank se laissa aller contre le dossier de sa chaise et leva les mains comme pour se rendre.

...1867.

-Tu m'avais dit que tu étais né la même année que moi, en 1869.

-Et voilà, fit-il.

-Comment cela, "et voilà" ?

-J'étais amoureux. Que veux tu que je te dise ? Cela venait du coeur. Notre rencontre relevait un peu du miracle pour moi. Je le pense toujours. Cela ne m'a pas semblé être si gros...

-Mensonge ?

-Cela m'est venu tout naturellement. Je ne l'avais pas prémédité et tu semblais si heureuse. Je me suis dit que, même si ce n'était pas vrai, ça aurait dû l'être.

Drôle de mystification ! songea Mamah quand elle se retrouva seule. Tricher sur un détail aussi insignifiant. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle le surprenait à mentir ou à déformer la vérité. Il romançait la réalité. Il ne savait pas résister au plaisir de camper ses clients en preux chevaliers et nobles héroïnes de ses légendes arthuriennes. Aujourd'hui, dans la cour, il était Merlin l'Enchanteur dont la magie éblouissait ses ouvriers. Il adorait présenter les choses sous un aspect dramatique. Cela rendait la vie tellement plus intéressante !

Il n'était pas facile d'en vouloir à Frank Wright. Mamah devrait trouver un moyen de lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de tout exagérer. Il était déjà bien assez extraordinaire.

---

-Tu veux bien me parler ?

Frank était debout près du fauteuil où elle s'était assoupie.

(...)

-Depuis quand es tu ici ?

-Je viens d'entrer.

D'un regard, elle lui indiqua une chaise qu'il approcha pour s'asseoir en face d'elle.

-Je n'en ai pas pour longtemps ; je sais que tu es venue ici pour être seule. J'avais juste une chose à te dire.

Sous ses paupières tombantes, les yeux de Frank étaient plein de larmes. Elle hocha la tête.

-Je n'ai jamais été un ami fiable, pour personne. Je ne sais pas comment on fait. J'ai une déficience dans ce domaine. J'ai toujours cru pouvoir prendre ce que je voulais parce que je le méritais. Je considérais cela comme ma récompense.

Il baissa la tête et, pendant quelques instants, il appuya son pouce et son index que ses paupières closes.

...Pour tout le travail que j'avais fourni, pour ce que j'avais donné au monde. Et la vie a mis des personnes bonnes et indulgentes sur ma route, des gens qui m'ont pardonné mes erreurs et m'ont soutenu au lieu de me laisser faire la culbute quand il le fallait. C'est mon talent, vois-tu, qui pousse les gens à se montrer compréhensifs.

Il souris tristement.

...Je le sais bien. Contrairement à ce que tu penses, ma conscience me hante. Certaines nuits, en pensant à tout le mal que j'ai fait, je n'arrive pas à dormir.

Il secoua la tête.

...Je regrette tout cela. Je suis désolé d'avoir trahi ton amitié. Surtout la tienne.

Mamah le regarda, impassible. Comme elle ne réagissait pas, il se leva.

-Je vais essayer de mettre un peu d'ordre dans cette pagaille qui me tient lieu d'âme. Je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me revoir. Je ne peux pas te dire à quel point je regrette de t'avoir poussée à cette extrémité.

---

(Nancy Horan, "Loving Frank")

(merci Prune B.)

 

 

 

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1 septembre 2011

Incendies (extraits)

INCENDIES (Wajdi Mouawad, Actes Sud-Papiers, 2003)

---

Aube. Forêt. Rocher. Arbres blancs. Nawal (14 ans). Wahab. 

NAWAL.

Wahab ! Ecoute moi. Ne dis rien. Non. Ne parle pas. Si tu me dis un mot, un seul, tu pourrais me tuer. Tu ne sais pas encore, tu ne sais pas le bonheur qui va être notre malheur. Wahab, j’ai l’impression qu’à partir du moment où je vais laisser échapper les mots qui vont sortir de ma bouche, tu vas mourir toi aussi. Je vais me taire, Wahab, promets-moi alors de ne rien dire, s’il te plaît, je suis fatiguée, s’il te plaît, laisse le silence. Je vais me taire. Ne dis rien.

Elle se tait.

Je t’ai appelé toute la nuit. J’ai couru toute la nuit. Je  savais que j’allais te trouver au rocher aux arbres blancs. Je voulais le hurler pour que tout le village l’entende, pour que les arbres l’entendent, que la nuit l’entende, pour que la lune et les étoiles l’entendent. Mais je ne pouvais pas. Je dois te le dire à l’oreille, Wahab, après, je ne pourrai plus te demander de rester dans mes bras même si c’est ce que je veux le plus au monde, même si j’ai la conviction que je serai à jamais incomplète si tu demeures à l’extérieur de moi, même si, à peine sortie de l’enfance, je t’avais trouvé, toi, et qu’avec toi je tombais enfin dans les bras de ma vraie vie, je ne pourrai plus rien te demander.

Il l’embrasse.

J’ai un enfant dans mon ventre, Wahab ! Mon ventre est plein de toi. C’est un vertige, n’est ce pas ? C’est magnifique et horrible, n’est ce pas ? C’est un gouffre et c’est comme la liberté aux oiseaux sauvages, n’est ce pas ? Et il n’y a plus de mots ! Que le vent ! Quand j’ai entendu la vieille Elhame me le dire, un océan a éclaté dans ma tête. Une brûlure.

---

Nawal (19 ans) et Sawda dans l’orphelinat de Kfar Rayat.

NAWAL. Pourquoi ?

LE MEDECIN. C’est la guerre.

SAWDA. Qu’elle guerre ?

LE MEDECIN. Qui sait ? Personne ne comprend. Les frères tirent sur leurs frères et les pères sur leurs pères. Une guerre. Mais qu’elle guerre ? Un jour 500 000 réfugiés sont arrivés de l’autre côté de la frontière. Ils ont dit : « On nous a chassés de nos terres, laissez nous vivre à vos côtés. » Des gens ici ont dit oui, des gens ici ont dit non, des gens ici ont fui. Des millions de destins. Et on ne sait plus qui tire sur qui ni pourquoi. C’est la guerre.

---

Hermile Lebel ouvre la troisième enveloppe destinée aux jumeaux.

Simon ouvre l’enveloppe.

 

NAWAL.

Simon,

Est ce que tu pleures ?

Si tu pleures ne sèche pas tes larmes.

Car je ne sèche pas les miennes.

L’enfance est un couteau planté dans la gorge

Et tu as su le retirer.

A présent, il faut réapprendre à avaler sa salive.

C’est un geste parfois très courageux.

Avaler sa salive.

A présent, il faut reconstruire l’histoire.

L’histoire est en miettes.

Doucement

Consoler chaque morceau.

Doucement

Guérir chaque souvenir.

Doucement

Bercer chaque image.

 

Jeanne,

Est ce que tu souris ?

Si tu souris ne retiens pas ton rire

Car je ne retiens pas le mien.

C’est le rire de la colère

Celui des femmes marchant côte à côte.

Je t’aurais appelée Sawda

Mais ce prénom encore dans son épellation

Dans chacune de ses lettres

Est une blessure béante au fond de mon cœur.

Souris, Jeanne, souris.

Notre famille,

Les femmes de notre famille, nous sommes engluées dans la colère.

J’ai été en colère contre ma mère

Tout comme tu es en colère contre moi

Et tout comme ma mère fut en colère contre sa mère.

Il faut casser le fil,

Jeanne, Simon,

Où commence votre histoire ?

A votre naissance ?

Alors elle commence dans l’horreur.

A la naissance de votre père ?

Alors c’est une grande histoire d’amour.

Mais en remontant plus loin

Peut être que l’on découvrira que cette histoire d’amour prend sa source dans le sang, le viol,

Et qu’à son tour,

Le sanguinaire et le violeur

Tient son origine dans l’amour.

Alors,

Lorsque l’on vous demandera votre histoire,

Dites que votre histoire, son origine,

Remonte au jour où une jeune fille

Revint à son village natal pour y graver le nom de sa grand mère Nazira sur sa tombe.

Là commence l’histoire.

Jeanne, Simon,

Pourquoi ne pas vous avoir parlé ?

Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être découvertes.

Vous avez ouvert l’enveloppe, vous avez brisé le silence

Gravez mon nom sur la pierre

Et posez la pierre sur ma tombe.

Votre mère.

 

24 juillet 2011

July

(...)

Et le mieux dans tout ça, c'est que toutes les personnes que cette personne a aimées tout au long de sa vie sont là. Même celles qui l'ont quittée. Elles prennent cette personne par la main et disent à cette personne qu'il leur a été difficile de faire semblant de se mettre en colère pour prendre la voiture et ne jamais revenir. Cette personne n'arrive presque pas à y croire, ça paraissait tellement réel, cette personne en avait eu le coeur brisé, elle s'en était remise, et maintenant cette personne ne sait plus quoi en penser. Cette personne est presque en colère. Mais tout le monde calme cette personne. Tout le monde explique que c'était absolument nécessaire de savoir si cette personne était vraiment forte.

(...)

("Cette personne" dans "Un bref instant de romantisme" de Miranda July)

4 juin 2011

la grande jetée

"Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance".

"Le trentième jour, la rencontre a lieu. Cette fois il est sûr de la reconnaître. C'est d'ailleurs la seule chose dont il soit sûr".

"Ils sont sans souvenirs, sans projets. Leur temps se construit simplement autour d'eux, avec pour seul repère le goût du moment qu'ils vivent".

"Une fois sur la grande jetée d'Orly, dans ce chaud dimanche d'avant-guerre où il allait pouvoir demeurer, il pensa avec un peu de vertige que l'enfant qu'il avait été devait se trouver là aussi, à regarder les avions. Mais il chercha d'abord le visage d'une femme, au bout de la jetée. Il courut vers elle. Et lorsqu'il reconnut l'homme qui l'avait suivi depuis le camp souterrain, il comprit qu'on ne s'évadait pas du Temps, et que cet instant qu'il lui avait été donné de voir enfant, et qui n'avait pas cessé de l'obséder, c'était celui de sa propre mort".

(voix off dans "La Jetée", un film de Chris Marker)

31 mai 2011

Pré-vert

Quand la vie est un collier

chaque jour est une perle

(Jacques Prévert)

8 mai 2011

des étincelles

Tourment du soir : impossibilité de trouver le sommeil au côté de T. Il me fut débrancher la sentimentalité, mais il reste des étincelles dans la prise.

(Hervé Guibert, "Le Mausolée des amants")

24 avril 2011

Combat

(...) Il nous est revenu en mémoire un éditorial d'Albert Camus, en une du quotidien "Combat", le 31 août 1944 : "La tâche de chacun de nous est de bien penser ce qu'il se propose de dire, de modeler peu à peu l'esprit du journal qui est le sien, d'écrire attentivement et de ne jamais perdre cette immense nécessité où nous sommes de redonner à un pays sa voix profonde. Si nous faisons que cette voix demeure celle de l'énergie plutôt que celle de la haine, de la fière objectivité et non de la rhétorique, de l'humanité plutôt que de la médiocrité, alors beaucoup de choses seront sauvées et nous n'aurons pas démérité." L'éditorial était titré "Critique de la nouvelle presse".

Redonner la voix profonde des lecteurs, respecter leur souci d'énergie, d'objectivité et d'humanité. Ces mots résonnent avec les vôtres. Nous les faisons ceux de XXI.

(Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, Directeur de la publication et Rédacteur en chef de la revue XXI. XXI, Numéro 14, Editorial Avril-Mai-Juin 2011)

(merci XXI)

22 avril 2011

...et si l'on commence, pourquoi s'arrêter ?

Je me défendrai toujours d'être photographe : cette attraction me fait peur. Il me semble qu'elle peut vite tourner à la folie, car tout est photographiable, tout est intéressant à photographier, et d'une journée de sa vie on pourrait découper des milliers d'instants, des milliers de petites surfaces, et si l'on commence, pourquoi s'arrêter ?

(Hervé Guibert, "Le mausolée des amants")

13 avril 2011

we all live in a yellow submarine

Un sous marin ca plonge, ca zigzague, ça évite les mines et les opinions toutes faites sans contourner les sujets. L’opérateur radio du sous marin capte tous les bruits de l’extérieur, déformés par l’eau et la profondeur. C’est cette déformation qui est récit, est poésie, est écriture. Elle est pour moi le résultat de cette friction du monde, les pelures qui restent sur la table après un voyage, une découverte, une lecture formidable.

("Des yeux et des oreilles", publié le 3 Avril 2011 par Marc Pondruel)

http://www.poisson-rouge.info/2011-04/les-yeux-et-les-oreilles/

(merci Marc P)

 

3 avril 2011

Y arriver

"Je n'avais jamais peint ma famille, mon histoire avant cette exposition.

Jusqu'alors, je faisais avec mes doutes, avec la rage de ne jamais être dupe, je sondais tout ce que le monde nous inculque et nous impose, tout ce qui nourrit nos yeux et nos consciences. Je creusais la farce tragique des illusions humaines, je fonçais sans le savoir vers là d'où je viens.

La peinture a rétabli la vérité. Il m'aura fallu trente ans pour y arriver."

("L'intranquille", Gérard Garouste)

3 avril 2011

"En rentrant, j'ai parlé à mes deux fils. Il les

"En rentrant, j'ai parlé à mes deux fils. Il les aimait beaucoup et je l'avais laissé être leur grand-père, parce qu'il était vieux, plus tout à fait l'homme que ma mère et moi avions subi. J'ai tenu à leur dire que la guerre avait engendré des héros, des gens qui se débrouillaient et s'en foutaient, des tueurs, des grands et des petits salopards. Votre grand-père faisait partie des petits salopards."

("L'intranquille", Gérard Garouste)

3 avril 2011

Recette du cake d'amour

Préparez votre pâte
Dans une jatte plate
Et sans plus de discours
Allumez votre four
Prenez de la farine
Versez dans la terrine
Quatre mains bien pesées
Autour d'un puits creusé
Choisissez quatre oeufs frais
Qu'ils soient du matin faits
Car à plus de vingt jours
Un poussin sort toujours
Un bol entier de lait
Bien crémeux s'il vous plait
De sucre parsemez
Et vous amalgamez
une main de beurre fin
Un souffle de levain
Une larme de miel
Et un soupçon de sel
Il est temps à présent
Tandis que vous brassez
De glisser un présent
Pour votre fiancé
Un souhait d'amour s'impose
Tandis que la pâte repose
Lissez le plat de beurre
Et laissez cuire une heure

Cette recette chantée par l'héroïne du film "Peau d'Âne" de Jacques Demy (1971) peut être réalisée avec les proportions suivantes : 150 g de farine, 4 oeufs frais, 20 cl de lait entier, 100 g de sucre, 75 g de beurre, 1 sachet de levure, 1 c à café de miel, 1 pincée de sel, 1 présent d'amour pour votre fiancé(e). Ne pas oublier le souhait d'amour pendant que la pâte repose (30 mn), et cuire 45 mn dans un four à 180° C.

(Dans "Les Miscellanées culinaires de Mr. Schott", Ben Schott, Editions ALLIA, 2007)

3 avril 2011

influences

"Il faut vivre dans chaque saison quand elle passe : en respirer l'air, en boire les breuvages, en goûter les fruits, et s'abandonner à leurs influences". (Henri David Thoreau, 1817-1862)

(Dans "Les Miscellanées culinaires de Mr. Schott", Ben Schott, Editions ALLIA, 2007)

29 mars 2011

L'instant d'avant

« Dans les nuages qui me surplombent, qui m’entourent et s’étalent à mes pieds(...), je vois -comme au plus profond de moi-même- une superposition, une conjonction et une disjonction ininterrompues d’éléments semblables ou antithétiques, de lumières et de ténèbres, de clarté et de mystère, de noblesse et de vulgarité, de générosité et d’égoïsme. Un océan dont je sais l’existence, dont je sens la convulsion continue, mais impossible à analyser en ses éléments propres car sitôt que ma pensée se saisit d’un de ceux-là, celui-ci est déjà différent de ce qu’il fut l’instant d’avant, libre et spontané. Mes idées s’immobilisent, s’irréalisent: les réelles se sont enfuies, fluides et impensées. » 

(Fosco Maraini, "Le Nuvolaire", extrait)

(MERCI Marie L.)

27 mars 2011

Le mausolée des amants (to be continued)

"J'ai du mal, en ce moment, à me remettre de mon sommeil : il empoisonne ma tête comme une encre."

"La photo qu'un autre que moi pourrait faire, qui ne tient pas au rapport particulier que j'ai avec tel ou tel, je ne veux pas la faire."

(Hervé Guibert, extraits, "Le mausolée des amants. Journal 1976-1991")

21 mars 2011

Ne pas dormir avec vous

- Pour ne rien vous cacher je n'ai pas vraiment dormi.
- La prochaine fois il faudra qu'on le fasse ensemble.
- Vous me proposez de pas dormir avec vous, c'est ça ?

(extrait dialogue, Juliette Binoche et Albert Dupontel, dans "Paris" de Cédric Klapisch)

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